Au lendemain du lancement de la 16ème réunion ministérielle de la ZLECAF, le verbe acéré de Delly Sesanga, figure de proue de l’Envol et ancien prétendant à la magistrature suprême, a déchiré le voile des ambitions panafricaines. L’opposant, dans un réquisitoire cinglant, a dénoncé la « politique de l’ouverture sans préparation » du pouvoir en place, pointant du doigt l’adhésion de la RDC à la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) et à la ZLECAF.
Selon Sesanga, Kinshasa, en privilégiant les marchés régionaux, néglige le pilier fondamental de toute stratégie économique : le marché intérieur. « La réussite de ces marchés [EAC et ZLECAF] requiert la fondation et l’intégration de notre économie nationale : création et protection de son marché interne (plus de 100 millions d’habitants), mobilisation de l’épargne publique, éducation des jeunes aux nouvelles opportunités », a-t-il martelé dans une note diffusée ce mercredi.
L’homme politique a mis en lumière la faiblesse des échanges intra-nationaux, un « facteur qui accroît notre dépendance et désintègre la Nation », alimentant « le sous-développement et l’aliénation de pans entiers de notre pays ».
Infrastructures, énergie et planification : les piliers d’une renaissance économique
Sesanga a esquissé une feuille de route ambitieuse, appelant à une refonte des infrastructures d’échange interprovinciales, à un déploiement massif de l’énergie et des « microgrids » industriels, et à une garantie de la cohésion territoriale. Il a également plaidé pour une planification rigoureuse à court, moyen et long terme, avertissant du risque de « renforcer la satellisation économique, politique voire militaire de toutes les provinces du pays ».
L’exportation de matières premières à l’état brut, une pratique « appauvrissante » selon l’opposant, a également été fustigée.
Le gouvernement sur la sellette, le ministère du Commerce extérieur en première ligne
Alors que le gouvernement multiplie les initiatives pour s’arrimer au marché international et interafricain, via le ministère du Commerce extérieur, les critiques de Sesanga résonnent comme un rappel à l’ordre. L’équation est posée : comment concilier l’ouverture aux marchés extérieurs avec la consolidation d’un marché intérieur robuste et résilient ? La réponse, complexe et cruciale, dessinera l’avenir économique de la RDC.
Célestin Botoleande