Un vent de discorde souffle sur le Haut-Katanga. Le Gouverneur Jacques Kyabula a été provisoirement remplacé par son vice-gouverneur, un changement précipité par son absence remarquée à une convocation à Kinshasa. Le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité l’attendait pour des éclaircissements sur des propos tenus lors d’un meeting à Lubumbashi, des déclarations qui ont fait l’effet d’une bombe dans le cercle du pouvoir.
Officiellement, des raisons sanitaires ont été invoquées pour justifier l’absence de Kyabula. Cependant, des sources proches du ministère de l’Intérieur rapportent à nos confrères d’ACTUALITE.CD que cette mesure temporaire vise à « assurer la continuité de la gouvernance dans la province », laissant entendre un certain malaise. Une autre source, plus directe, affirme qu’un « télégramme est un ordre, le gouverneur devrait s’y conformer rapidement, mais il a choisi de se soustraire prétextant une maladie, alors que ce n’est pas le cas. »
Le nœud du problème réside dans les propos de Kyabula lors d’un rassemblement de l’Union Sacrée le 30 juin dernier. Il avait alors qualifié l’ancien président Joseph Kabila et Corneille Nangaa de « Congolais », suggérant que leurs différends devaient être résolus « en famille ». Ces déclarations ont été jugées ambiguës par certains, surtout dans un contexte de fortes tensions où des soupçons d’implication de Kabila avec l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et le M23 persistent.
Bien que Kyabula ait également désigné le Rwanda comme l’adversaire principal dans le conflit à l’Est, une position en phase avec la rhétorique officielle, la mention de Kabila et Nangaa dans un cadre jugé conciliant a soulevé de sérieuses interrogations. L’incapacité du gouverneur à se rendre à Kinshasa semble avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, transformant un simple rendez-vous en une mise à l’écart temporaire, mais symboliquement forte.
Célestin Botoleande