Une action judiciaire en rapport avec la répression sanglante de la marche du 30 Août dernier, a été enclenchée par la cour militaire. Ainsi, trois témoins de la partie civile ont été auditionnés vendredi 15 septembre 2023, devant cette cour siégeant en matière de flagrance lors d’une audience publique.
Ces témoins, codifiés sous PC001, PC002 et PC003, ont fait des révélations accablantes sur les événements qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes.
PC001, un journaliste de la station radio de la secte « Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations », a déclaré que des militaires cagoulés avaient fait irruption dans les locaux de la radio et avaient ouvert le feu sur les personnes présentes.
« Ils nous ont fait descendre les personnels dans la salle de rédaction. Ils ont tiré sur nous et six personnes sont mortes sur le champ. Je me suis aussi allongé dans le sang de mes collègues qui étaient morts. Les militaires ont pillé les effets jusqu’au papier », a-t-il rapporté.
Pour le PC002, un membre de la secte, a également affirmé que des militaires de la Garde républicaine avaient tiré sur les fidèles de la secte à la station radio. « C’étaient des militaires de la Garde républicaine qui avaient tiré sur nos fidèles à la station radio et même l’animatrice Tabitha avait trouvé la mort avec cinq autres personnes. Quand je suis sorti en voulant amener un blessé à l’hôpital, nous avons croisé des policiers qui avaient dit : « bango wana » pour dire les voilà, ils avaient directement tiré sur nous, le transporteur du blessé et le blessé sont tous morts sur place », a-t-il ajouté.
PC003, un habitant de Goma, a déclaré avoir vu des militaires tirer sur des manifestants pacifiques. « J’étais dans la rue quand j’ai vu des militaires tirer sur des manifestants. Ils tiraient dans la foulée sans distinction. J’ai vu des gens tomber au sol, morts ou blessés », a-t-il déclaré.
Ces témoignages vont de mèche avec les informations déjà recueillies par les organisations de défense des droits humains, qui ont dénoncé une répression excessive de l’armée congolaise. Human Rights Watch a estimé que l’armée avait tué au moins 48 civils et un policier lors de cette manifestation.
L’audience devant la Cour militaire se poursuit. Les deux arrêtés militaires à l’origine des événements du 30 août comparaissent pour « assassinats, coups et blessures volontaires et pillages ».
Célestin Botoleande