Le monde politique congolais est en effervescence à la suite de la publication, début juillet, d’un rapport du groupe d’experts des Nations Unies. Ce document, qui établit des liens entre plusieurs figures de l’opposition et la rébellion de l’AFC/M23, a provoqué une convocation des responsables du parti Ensemble pour la République par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani. Cette démarche a pour but de lever le voile sur les allégations contenues dans ledit rapport.
Le démenti formel et l’exigence d’un droit de réponse
À l’issue de leur rencontre avec le VPM Shabani, les délégués du parti de Moïse Katumbi ont formellement rejeté toute connexion entre leur leader et les miliciens de l’AFC/M23. Ils ont souligné que leur parti et son président sont des artisans de la paix, une vérité, selon eux, reconnue de tous à travers le pays. Les représentants d’Ensemble pour la République ont déploré ne pas avoir été mis au courant du rapport avant sa publication et ont exigé un droit de réponse, indispensable pour éclaircir la situation.
Un membre de l’exécutif du parti a clairement exprimé leur position : « Quoi qu’il soit, ce n’est qu’une supposition. Nous, nous disons, laissez-nous le temps de pouvoir vérifier toutes les choses. Parce qu’il peut être vrai qu’un rapport ait circulé, mais la personne mise en cause a droit à un droit de réponse. Et il appartient à la personne accusée de nous éclairer. En ce qui nous concerne, nous sommes un parti de paix, et le président Moïse Katumbi, est un homme de paix, et ça c’est connu de l’ensemble du pays. »
Des allégations de contacts discrets
Selon le rapport des Nations unies, des « poids lourds politiques et militaires » tels que Joseph Kabila, Moïse Katumbi et John Numbi sont cités comme ayant eu des contacts réguliers avec Corneille Nangaa à Kigali et Kampala. Bien que le rapport précise qu’aucun de ces acteurs ne s’est « officiellement rallié » à la rébellion, ces rencontres discrètes soulèvent des questions sur les dynamiques en coulisses.
Cette convocation intervient peu après le conclave du parti tenu à Bruxelles, au cours duquel Ensemble pour la République avait affiché son intention de préparer les élections de 2028 et d’appeler à l’unité de toutes les forces démocratiques pour s’opposer à toute tentative de contournement des principes constitutionnels. L’invitation de Jacquemain Shabani s’inscrit donc dans un contexte politique tendu, où les allégations du rapport des experts viennent jeter une ombre sur les ambitions du parti d’opposition.
Célestin Botoleande