Les travaux du dialogue annuel sur la paix et la sécurité en Afrique, organisés par la Fondation Thabo Mbeki, se poursuivent ce jeudi à Johannesburg. L’événement, qui rassemble dirigeants, universitaires et décideurs africains, consacre cette année une part importante de ses discussions à la crise sécuritaire en République démocratique du Congo et au Mozambique.
L’objectif de ce dialogue n’est pas de servir de forum de négociation, mais d’offrir une plateforme stratégique pour élaborer des solutions concrètes aux défis du continent. Selon la Fondation Thabo Mbeki, il s’agit d’identifier des voies menant à la paix en RDC et de contrer la montée de l’extrémisme violent dans la région.
L’opposition congolaise et le refus de visa
Alors que le dialogue s’est ouvert en présence de plusieurs acteurs congolais, l’opposition politique a fait état de difficultés majeures. Plusieurs de ses membres, invités à l’événement, n’ont pas pu s’y rendre, accusant l’administration Tshisekedi d’avoir fait pression sur le gouvernement sud-africain pour leur refuser des visas.
Jean-Marc Kabund a publiquement dénoncé cette mesure, la qualifiant de « violation des droits humains ». Des personnalités comme Jean-Claude Kibala et des représentants du parti de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo ont également confirmé avoir été empêchés de voyager, invoquant des problèmes administratifs et le refus d’obtention de visas.
Une présence sélective et des absences remarquées
Malgré ces obstacles, d’autres forces politiques ont pu participer. Le Front Commun pour le Congo (FCC), la plateforme de l’ancien président Joseph Kabila, a envoyé une délégation de haut niveau menée par le professeur Néhémie Mwilanya. Leur présence, selon des sources proches, témoigne de l’engagement de l’ancien président pour un dialogue inclusif.
Le mouvement de l’AFC/M23 est également représenté par son porte-parole, Laurence Kanyuka. De son côté, l’opposant Moïse Katumbi a dépêché quatre représentants, dans le but de « décrisper l’atmosphère » en vue d’un futur dialogue national sous l’égide des églises.
À l’inverse, Martin Fayulu a décliné l’invitation, invoquant le manque de clarté des objectifs de l’événement et préférant se concentrer sur le processus national piloté par la CENCO-ECC. Kinshasa, pour sa part, a jugé l’initiative « inopportune », privilégiant les efforts diplomatiques de Washington et de Doha, en attente d’un dialogue national à l’initiative du Président Félix Tshisekedi.
Ces divergences témoignent de la complexité et de la sensibilité des enjeux de paix en RDC, alors que des initiatives diplomatiques d’envergure, telles que les accords de Washington et le processus de Doha, tentent de résoudre la crise sécuritaire dans l’Est du pays.
Célestin Botoleande