Ceux qui veulent déjà réfléchir sur l’après- Élisabeth II et comprendre les sphères d’influence sur lesquelles sa disparition impactera inexorablement doivent avant tout s’adonner à l’exercice de circonscrire le personnage de cette dame qui cumulait à la fois les casquettes de :
- Reine d’Angleterre
- Chef des 56 pays du Commonwealth
- Numéro un de l’Église Anglicane
- Une des pièces maîtresses dans le dispositif de l’ordre politique mondial post-seconde guerre mondiale.
Le profil de son successeur Charles III est très différent de la reine et ne garantit pas à cent pour cent la réunification du royaume en cette période post-Brexit qui divise le R.U en plusieurs camps. Le début du nouveau roi conjugué à l’arrivée au Dowing street d’une neo Premier Ministre PM non conformiste n’est pas de nature à faciliter la transition.
Sous le coup d’émotion du décès de la reine, les 56 États membres du Commonwealth vont sûrement renouveler leur allégeance à leur nouveau chef Charles III. Ce dernier se verra confirmé dans son rôle de Chef d’État monarchique de 15 royaumes du Commonwealth et le leader incontesté des autres États membres auxquels se sont joints le Gabon et le Togo depuis le 25 juin dernier.
Dans le fonctionnement interne de cette organisation intergouvernementale, ne perdons pas de vue que la présidence tournante est assurée cette année en cours par un certain Paul Kagame qui, en bon pêcheur en eau trouble, pourra bien exploiter cette transition avec un roi et une PM inexpérimentés en vue d’avancer ses pions dans sa politique expansionniste dans les Grands Lacs.
Depuis 1534, le roi d’Angleterre avait signé un acte de suprématie reconnaissant à l’église catholique de son pays une indépendance doctrinale et administrative par rapport à la papauté Romaine. L’archevêque de Cantorbéry restera depuis lors le primat de l’Église d’Angleterre tandis que le roi est le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre en tant que souverain du Royaume-Uni.
L’Eglise anglicane connaît des grandes secousses depuis la gestion interne et controversée de nombreux dossiers doctrinaux sensibles. De nombreux anglicans sont en désaccord total avec la ligne libérale de leur Eglise, notamment sur l’ordination de femmes et d’homosexuels comme prêtres ou évêques et la bénédiction d’unions homosexuelles ou du mariage des homosexuels.
La forte personnalité d’Elisabeth II a dû peser de tout son poids pour limiter les dégâts collatéraux d’une crise permanente qui y a élu domicile depuis une vingtaine d’années dans cette église. Les démêlés matrimoniaux de Charles qui avaient eu à créer le séisme Lady Diana et l’émergence de Camilla entachent d’une manière ou d’une autre la crédibilité et l’exemplarité du nouveau représentant numéro un de l’église anglicane qui connaît déjà une grande hémorragie humaine et spirituelle en terme de nombreuses défections.
La moindre aggravation de ces fissures internes de l’église anglicane ne sera pas sans effet sur la stabilité du Royaume-Uni, vu que cette église anglicane joue un rôle politique énorme pour cimenter l’unité entre différentes sphères sociales et entités territoriales.
La présence anglaise via Winston Churchill à la conférence de Yalta a fait du Royaume-Uni une de trois pièces maîtresses dans l’instauration du nouvel ordre politique mondial, momentanément suspendu par la chute du Mur de Berlin et tout récemment ressuscité avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et tout ce qui s’en est suivi. La disparition politique du belliciste Boris Johnson tout comme celle physique de la reine Élisabeth II en plein mouvement populaire “Don’t Pay UK” pourront pousser à moins de zèle les nouveaux acteurs politiques anglais vis-à-vis d’une Russie restée maître de la politique énergétique européenne.
À cela, s’il faut ajouter l’arrivée très probable au pouvoir de l’extrême-droite italienne plutôt russophile aux élections du 25 septembre prochain et la vague populaire française autour du slogan “Macron dégage “ à l’approche d’un hiver sans certitude d’approvisionnement de gaz, ce sont là autant de signaux qui s’avèrent trop déterminants à l’interne et à l’externe dans cet environnement géopolitique explosif et qui ne laisseront guère indifférents les deux nouveaux tenants du pouvoir de Londres. Wait and see !
Par la Rédaction