Beaucoup ont vraiment tiqué quand ils ont appris que William Ruto venait d’être proclamé comme vainqueur du scrutin présidentiel du Kenya avec 50,49% des voix, devenant ainsi le successeur d’Uhuru Kenyatta. Il nous est vite revenu à l’esprit des propos discourtois et injurieux que cet acteur politique Kenyan avait tenus en février 2021 envers les Congolais. En effet, face aux hommes d’affaires de son pays, il se mit à les conscientiser sur les points faibles des congolais pour mieux les exploiter.
Dans un ton moqueur, le vice-président Kényan disait : « Ils ne savent que danser et porter des pantalons enfilés au-dessus du nombril ».
Considérant la RDC comme une vache laitière de ses voisins, le même Ruto déclara : « Ils (les Rd congolais) sont environ 90 millions d’habitants, mais n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait. Ils importent toujours du lait en provenance d’Australie. Voilà un marché potentiel qui s’offre à nous et à notre lait », renchérit-il aux hommes d’affaires de son pays.
Ce lundi 15 août, l’alors vice-président kenyan qui faisait de telles déclarations est élu président du Kenya et par voie de conséquence, un partenaire direct de la RDC dans les échanges commerciaux du vaste marché de l’EAC tout comme dans la mise en exécution du récent Accord de Nairobi et l’arrivée prochaine de la Force Régionale.
La meilleure réaction des congolais à ce politicien kenyan ne doit pas se résumer dans la colère improductive. Ce serait trop insuffisant. Car sans le savoir peut-être, ce politicien a dit ce que beaucoup d’africains pensent des congolaises et congolais. Il nous a rendu un précieux service de connaître l’image que nous renvoyons de nous-mêmes aux autres.
Les propos de ce politicien proclamé docteur en botanique et zoologie en 2018 à l’université de Nairobi nous font en outre comprendre la nature du partenariat que nous vivrons sous le quinquennat de ce nouveau président. Sachant déjà ce que lui pense de nous, nous les congolais nous n’aurons pas droit à l’erreur. Nous devons réagir en relevant le double défi : celui de substituer le travail sérieux à la danse sans fin et celui de produire pour consommer congolais et exporter en grande quantité.
Il s’agit en clair de corriger notre minable image de danseurs et des « jouisseurs » impénitents en celle d’un peuple travailleur et prêt à tout pour ne plus rester le jouet de ses politiciens à l’interne et des prédateurs étrangers. Donnons-nous le devoir de fuir les « bruits » pour nous concentrer enfin sur des objectifs précis et nous mettre à travailler durement à leur réalisation pour changer structurellement le destin de ce pays.
À propos du lait devant être importé du Kenya, c’est là l’image d’un pays si vaste aux potentialités agricoles considérables et qui peinent à investir dans ce domaine pour faire de ce pays un grenier agricole capable de nourrir le continent entier. Si nous ne voulons pas satisfaire le vœu du président élu Ruto en devenant un minable marché de consommateurs des produits kenyans, il est temps de surmonter la faillite de Bukanga Lonzo pour repartir sur du sérieux et du solide sur le long terme. Produire et transformer sur place, prioriser l’agro-alimentaire à la place du commerce des minerais de conflits et de sang, rentabiliser les millions d’hectares arables de ce vaste pays, y opérer une “révolution verte” en transformant la RDC en un grenier agricole et un réservoir de lait, voilà la meilleure réponse à donner au président Ruto.
Par la Rédaction