Il se passe désormais un phénomène inhabituel dans les deux chambres du parlement, Assemblée Nationale et Sénat.
La majorité parlementaire, Union Sacrée et le Bureau que dirige Christophe Mboso Nkodia ont de façon quasi unanime, refusé d’aligner la question orale avec débat du député national Jean-Jacques Mamba adressée il y a déjà deux semaines au Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique ( EPST), Tony Mwaba Kazadi.
Le Ministre Tony Mwaba devait répondre de sa gestion devant les élus du peuple. Curieux que cela puisse paraître, l’Assemblée nationale nous prive d’un débat national sur la qualité de l’enseignement en RDC avec l’avènement de la gratuité à la base aussi de plusieurs difficultés et problèmes.
« Qu’on invite Tony Mwaba ou pas, ça ne sert à rien», s’est justifié un député de l’Union Sacrée sous le sceau de l’anonymat.
C’est à cette occasion que l’initiateur de la question orale avec débat est sorti de sa tanière pour lancer peut-être le dernier appel à l’urgence dans le but de sauver l’année scolaire 2021-2022 et probablement épurer le système éducatif.
« Nous avons déposé depuis deux semaines une question orale avec débat contre Tony Mwaba, notre impatience pour sa fixation au calendrier de la plénière est subséquente à la grogne des enseignants qui refusent de travailler», écrit Jean-Jacques Mamba sur Twitter d’une façon moins tonitruante que l’initiateur de la question orale avec débat contre Kibassa mais tout aussi virulente, et appelle le président de l’Assemblée nationale a aligné cette question orale avec débat à l’ordre du jour.
Pendant ce temps, une source bien introduite à l’Assemblée nationale nous apprend que le Bureau Mboso est déterminé à sauver le Ministre Tony Mwaba, cadre de l’UDPS.
« La question orale avec débat du député Jean-Jacques Mamba contre Professeur Tony Mwaba ne sera pas programmée par le bureau de l’Assemblée Nationale. C’est un acharnement contre les ministres de l’UDPS. Nous avons sauvé Kibasa avec beaucoup de risques. On évite encore les pires».
Tout est donc mis sur pied pour étouffer le débat démocratique à l’hémicycle. Tout serait décidé dans une réunion convoquée par Mboso Nkodia avec l’ensemble de son Bureau. Une honte pour le parlement congolais. Tout est décidé et les députés ne sont invités qu’à venir acclamer certains Ministres ou mandataires publics interpellés , à l’image du dernier passage du Ministre Augustin Kibassa Maliba.
Aux dires de l’opposition, à l’Assemblée comme au Sénat, le parlement serait donc muselé, déconsidéré, par le président et son gouvernement et même instrumentalisé selon certains. La coalition genevoise, par exemple, a expliqué hier que le pouvoir exécutif cherchait à “diluer sa responsabilité” en associant les parlementaires aux décisions prises.
Le parlement est donc effectivement instrumentalisé, détourné de son objet. Ce n’est pas vraiment lui qui légifère, c’est en grande partie le pouvoir exécutif. Et d’un autre côté, pour les parlementaires, de l’opposition comme de la majorité, il est surtout le moyen d’essayer d’exister politiquement, d’exprimer ses ambitions.
Il n’est donc plus le “cœur battant de la démocratie” ainsi qu’il est parfois qualifié. Il est devenu un théâtre où la pièce qui se joue ne reflète plus vraiment les aspirations et la réalité de la société qu’il est censé représenter. A qui profite tout ce théâtre à l’Assemblée nationale ? Dieu seul sait s’il existe encore des politiques crédibles.
Par GABA.T