Initialement considéré comme une mesure salvatrice, plus de sept (7) mois plus tard, l’état de siège n’a toujours pas répondu aux attentes des populations. Le deuxième épisode de la lutte contre l’insécurité chronique dans l’Est du pays a débuté début décembre avec la mise en commun des forces entre les armées congolaise et ougandaise.
L’autopsie de la situation sécuritaire à l’Est du pays doit être faite en permanence pour un retour effectif de la paix. Malheureusement, la quiétude a disparu depuis une vingtaine d’années dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, du fait de l’activisme des groupes armés, fauchant au passage la vie de plusieurs milliers des victimes.
C’est pour cette raison que toutes les solutions qui donnent le ton d’un succès probable doivent être envisagées. Ainsi, afin de dissiper la fumée noire qui a envahi le ciel de ces deux (2) provinces, le Chef de l’État a mis en place, dans le cadre de l’état de siège, une administration policière et militaire pour mener les opérations. Les objectifs visés : «rétablir la paix et gérer l’administration», même si, à ce jour, les animateurs de cette administration restent contestés par certaines opinions.
Mais d’un autre côté, la mise à l’écart des autorités civiles a également suscité quelques réserves chez de nombreuses personnes, qui craignent que les chefs militaires et policiers n’outrepassent leurs compétences. De ce fait, sur terrain, les avis sont partagés. Si pour certains, l’administration civile doit être remise sur le devant de la scène, pour d’autres, il n’en est pas question. Car, si l’on se souvient des propos tenus par le speaker de la chambre basse du Parlement, Christophe Mboso, on est tenté de croire que certaines autorités civiles sont soupçonnées d’être de mèche avec ceux qui sèment la terreur dans l’est du pays depuis vingt ans.
Pourtant, les partisans du retour à un régime civil semblent avoir plusieurs arguments en leur faveur. Ils citent, par exemple, la contribution que les autorités civiles peuvent apporter au processus du désarmement et réinsertion sociale, ainsi que leur connaissance des affaires publiques pour faire avancer le développement et les aspects sociaux de la vie de la population. D’après eux, cet aspect semble être au point mort. Ils estiment que ces provinces ont réellement besoin d’un programme de développement que seule l’administration civile peut fournir.
Par ailleurs, le rétablissement de l’administration civile permettra d’éviter que le Chef de l’État ne soit soupçonné de tentative de fraude lors des élections présidentielles de 2023, car les militaires ne sont pas censés s’immiscer dans les affaires politiques et électorales, affirment-ils.
Aussi, d’un point de vue sécuritaire, il pensent qu’il faut s’interroger sur le rôle des généraux nommés gouverneurs de province, et leur rôle à jouer par rapport aux opérations menées par l’armée ougandaise et congolaise sur le terrain, qui sont coordonnées par un autre général de l’armée congolaise.
Évolution de la situation sur terrain
Etant donné que les actions des FARDC et de l’UPDF sur le terrain produisent déjà des effets que l’état de siège n’a pas pu donner à la population depuis sept mois, il est légitime de se demander s’il est encore important de maintenir les deux provinces sous cette mesure exceptionnelle alors que la solution semble petit à petit être trouvée autrement.
En effet, depuis la nouvelle dynamique de mise en commun des forces FARDC-UPDF, il n’a fallu que quelques semaines pour voir des changements sur le terrain dans la région de Beni. Les deux armées ont annoncé avoir détruit plusieurs principaux bastions rebelles de l’ADF qui étaient auparavant inaccessibles et qui sont passés sous le contrôle des deux forces.
Rappelons que les deux provinces sous état de siège sont gérées par des généraux d’armée et de police qui jouent également le rôle de commandant des opérations. Et afin de mieux conduire les actions, le Chef de l’État a nommé un nouveau général d’armée pour coordonner ces opérations conjointes, le général Camille Bombele Lohala. Quel est donc le rôle des gouverneurs militaires par rapport aux opérations sur le terrain qui sont sous la coordination d’un autre général ? D’où la question de savoir s’il est encore important de maintenir les deux provinces en état de siège.
Par GABA.T