Le rideau se lève sur un acte majeur de la scène politique congolaise. Après une longue période de mutisme, le « Recteur de l’Université du Silence », surnom affectueux attribué par les Congolais à Joseph Kabila Kabange pour son silence légendaire, s’apprête à rompre le jeûne médiatique ce vendredi soir. Un événement d’une portée historique, d’autant plus qu’il survient dans le sillage de la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat.
L’atmosphère est chargée d’une tension palpable, comparable à une « grossesse dont le sexe de l’enfant reste inconnu ». L’impatience est à son paroxysme, l’opinion publique retient son souffle, avide de connaître la réaction de l’ancien Président face à cette décision qui le place désormais sous le coup d’une information judiciaire.
Le Mur du Silence S’effond : L’Heure de Vérité ?
Pendant des années, Joseph Kabila a cultivé un mystère savamment entretenu, ses rares apparitions publiques et ses silences éloquents nourrissant les spéculations les plus diverses. Cette posture, devenue sa marque de fabrique, lui a valu ce sobriquet de « Recteur de l’Université du Silence », une reconnaissance populaire de sa capacité à observer et à agir en retrait. Mais aujourd’hui, le contexte a radicalement changé.
La levée de ses immunités par le Sénat, consécutive au réquisitoire de l’auditeur général près la Haute Cour Militaire, marque un tournant décisif. Accusé de participation à un mouvement insurrectionnel, de trahison et de crimes de guerre, l’ancien chef de l’État se retrouve confronté à des allégations d’une gravité exceptionnelle. Sa prise de parole est donc bien plus qu’une simple communication ; elle est attendue comme un moment de vérité, une occasion de clarifier sa position et, potentiellement, d’apporter sa version des faits.
Quel Discours pour le « Recteur » ?
Toutes les hypothèses sont sur la table des analystes. Va-t-il dénoncer une cabale politique ourdie contre lui ? Va-t-il se défendre point par point des accusations portées à son encontre ? Va-t-il lancer un appel à la mobilisation de ses partisans, galvanisant ses troupes ? Ou adoptera-t-il une posture plus mesurée, annonçant une collaboration pleine et entière avec la justice ? Le mystère demeure entier, alimentant les conversations dans les salons kinois et les débats enflammés sur les réseaux sociaux.
Cette soirée de vendredi sera scrutée avec la plus grande attention, non seulement en République Démocratique du Congo, mais aussi au-delà de ses frontières. La voix de Joseph Kabila, si souvent contenue, va résonner, et chacun espère y trouver des éléments de réponse à cette énigme judiciaire et politique. Le « Recteur de l’Université du Silence » est sur le point de donner sa leçon la plus attendue, celle qui pourrait bien redéfinir son héritage.
Célestin Botoleande