Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) contre-attaque le pouvoir, suite à la suspension du parti. Dans une missive cinglante adressée au Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, le parti, par la voix de son conseiller juridique, Maître Trésor Lungungu Kidimba, dénonce une « cabale » orchestrée contre son président national, Joseph Kabila. Cette riposte intervient après la décision du ministère de l’Intérieur de suspendre les activités du PPRD, une décision perçue comme un coup de tonnerre dans le paysage politique congolais.
L’accusation principale, celle d’une « ambiguïté » dans l’attitude de l’ancien chef de l’État, est balayée d’un revers de main par le PPRD, qui parle de « calomnies ». Le ministère de l’Intérieur avait notamment pointé du doigt un supposé projet de retour de Kabila via Goma, une ville présentée comme étant sous « contrôle ennemi », ainsi que son silence présumé sur le conflit armé dans l’Est.
Le PPRD, dans sa contre-offensive, rétorque que même si le passage par Goma était avéré, il ne saurait être interprété comme un soutien aux groupes rebelles. « Goma est un chef-lieu de province congolaise », martèle le parti, rappelant que la simple présence de Kabila dans cette ville ne constitue pas une preuve de complicité avec des mouvements insurrectionnels. Le parti rajoute que l’ancien président n’a pas séjourné à Goma la semaine passée, et qualifie les accusations d' »activisme » de Kabila de « supputations » et de « méchanceté ».
Le PPRD, se posant en garant de la « résistance non violente », insiste sur le fait que les actes de violence commis par certains de ses membres sont des initiatives individuelles, ne reflétant en rien les valeurs du parti. Il réfute également l’accusation de silence complice face au conflit dans l’Est, rappelant les nombreuses prises de position de ses communicateurs et organes.
La décision ministérielle est, quant à elle, qualifiée d' »abus de pouvoir » et de « musèlement », une atteinte aux libertés politiques garanties par la Constitution et les engagements internationaux de la RDC. Le PPRD exige le retrait de cette décision, appelant au respect de l’État de droit et de la démocratie.
« Les faits mis à charge du PPRD et de son Président National étant faux, controuvés et n’existant que dans l’imaginaire de ceux qui œuvrent contre l’avènement d’un véritable pacte social pour la paix et la réconciliation dans notre pays », conclut le courrier, laissant entrevoir une escalade dans ce bras de fer politique. La question qui reste en suspens est de savoir si ce conflit va mener à une crise politique plus profonde.
Célestin Botoleande