Par Jean-Chrysostome Luntadila
Les masques vont bientôt tomber au sujet du mythe qui entoure le marché d’estampillage des bouteilles gagné par la société industrielle et commerciale des produits alimentaires ( SICPA) avec l’appui de l’ex ministre des finances, Sele Yalaghuli et Kabila Kongolo, directeur général de la DGDA. L’attention est présentement tournée vers L’Inspection Générale des Finances et les députés nationaux, qui à leur tour, doivent se pencher sur ce dossier vu le parcours peu reluisant de cette entreprise.
La SICPA est spécialisée dans la fourniture d’encre et la solution de sécurité des billets de banque ainsi que les passeports, tickets de transport, cartes plastifiées ou billets de loteries à gratter. Il aura donc fallu attendre l’avènement du gouvernement de l’Union sacrée pour que toutes les dessous de cartes soient bien connues. On comprend à l’heure actuelle les raisons qui ont poussé Sele Yalaghuli et Kabila Kongolo à octroyer à la société SICPA un marché si important d’estampillage des bouteilles sans appel d’offres.
Ce marché pouvait être attribué à la Banque Centrale du Congo en la dotant d’une machine d’apposer les timbres et hologrammes. Sinon de passer par un appel d’offres qui aurait permis à l’Etat congolais de réunir les informations nécessaires sur chaque entreprise postulant à l’appel d’offres et d’en sélectionner une qui serait crédible avec un coût préférentiel (le mieux offrant).
Si le coût de ce marché est tenu secret, mais on apprendrait des sources proches du dossier, que le contrat prévoit le prélèvement de 0,5 USD par bouteille, ce qui justifie l’empressement avec lequel Sele Yalaghuli et Kabila Kongolo auraient conclu ce dossier.
La société se positionne également depuis les années 2000 sur le marché de traçabilité sécurisé des produits soumis à des droits d’accises (tabac, alcool) ou réglementés.
Il sied de signaler que la SICPA est plusieurs fois citée dans des opérations louches liées à la corruption, cas du Brésil où la société a été sous enquête, en 2015, du MPC (Ministère public de la Confédération) pour soupçons de corruption. Dans cette affaire, un consultant avait été condamné à 11 ans et demi de prison pour avoir corrompu un inspecteur des impôts brésilien à qui, il aurait versé 15 millions de dollars de pot-de-vin pour permettre à SICPA d’emporter le contrat.
Plus tard, la police brésilienne découvre un autre stratagème de fraude au ministère des Finances. Deux fonctionnaires de deux entités liées au ministère des Finances auraient reçu des pots-de-vin pour faire bénéficier à la société SICPA un contrat de plusieurs milliards de dollars pour surveiller la production des boissons froides, selon un reportage réalisé par Alonso Soto édité par W. Simon et publié par Reuters le 1er juillet 2015.
De plus, au Maroc, Jeune Afrique a eu à enquêter sur le contrat controversé de SICPA, où la société suisse avait gagné un marché de marquage fiscal de boissons et du tabac en novembre 2014. Le média français avait dénoncé l’opacité de la gestion et le coût excessif de son tarif.
En France, SICPA avait également été accusée de manœuvrer en coulisses pour imposer son système de traçabilité des cigarettes et de sauver son contrat au Maroc. Elle avait distribué 5,5 millions de dollars de commissions occultes à un lobbyiste via un montage financier transitant par des paradis fiscaux, selon Malta Files analysé par MediaPart et ses partenaires de EIC, en collaboration avec le site d’information marocain le Desk.
Pas loin de nous, au Kenya, 24heures.ch avait fait état de la tourmente de la SICPA, où elle était accusée de corruption d’un politicien de haut rang.