Un communiqué du Vice-Premier Ministre chargé de l’Économie Nationale vient de déréguler la circulation des poids lourds à Kinshasa, posant un ultimatum aux restrictions provinciales au nom de la fluidité des approvisionnements. Un véritable match sur le ring administratif.
La capitale congolaise est le théâtre d’un nouveau bras de fer, cette fois-ci entre les impératifs de l’économie nationale et les tentatives de régulation du gouvernement provincial. Un communiqué officiel, signé par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Économie Nationale, Daniel MUKOKO SAMBA, a jeté un pavé dans la mare des arrêtés provinciaux.
Daté du 12 juin 2025, ce document, sous la bannière de l’Économie Nationale, sonne comme un véritable uppercut aux restrictions de circulation imposées jusqu’alors aux camions par les autorités provinciales. Selon le communiqué, « Tous les camions, quelle que soit leur charge ou leur configuration, sont autorisés à entrer, sortir, circuler et livrer librement sur toute l’étendue de la Ville de Kinshasa de 22h00 à 05h00 du matin « . Plus encore, une fois entrés, ces véhicules sont « libres, dans le respect du Code de la route, de circuler, livrer et sortir sans limitation d’heures ».
La justification de cette mesure est sans appel : elle vise à « fluidifier la circulation dans la Ville de Kinshasa et réduire le besoin de faciliter l’approvisionnement des biens afin d’éviter toute forme de pénurie ». C’est là que l’économie nationale monte sur le ring, arguant que les entraves à la circulation des marchandises menacent l’approvisionnement de la mégalopole et, par extension, la santé économique du pays.
Cette décision du ministre de l’Économie Nationale, est une affirmation claire de la primauté des enjeux économiques nationaux sur les régulations locales. Tandis que le gouvernement provincial de Kinshasa a souvent justifié ses restrictions par la nécessité de désengorger le trafic et de préserver les infrastructures routières, l’approche du niveau central semble préférabler la chaîne logistique et la disponibilité des produits.
La question de la coordination entre les deux niveaux de pouvoir est désormais au cœur des préoccupations. Comment les services de la police et de la régulation du trafic, soumis aux directives provinciales, vont-ils intégrer ces nouvelles instructions nationales ? Le risque de confusion sur le terrain est palpable, laissant la porte ouverte à des interprétations diverses et potentiellement à des dysfonctionnements.
Une « évaluation périodique de l’application de ces mesures » est prévue « tous les dix jours » par le Comité CARITAS, censée ajuster les dispositions « en concertation avec toutes les parties prenantes ». Ce tour d’observation déterminera si l’Économie Nationale a mis KO les restrictions provinciales ou si un match nul, à coup de compromis, est encore possible pour le bien-être des Kinois. Pour l’heure, le coup de poing est donné, et la balle est dans le camp des autorités provinciales.
Célestin Botoleande