Le territoire de Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe, est une nouvelle fois plongé dans l’horreur. Le corps sans vie d’un éleveur a été découvert ce dimanche 17 août au village Kimomo, trois jours après son enlèvement par des miliciens Mobondo. Ce drame n’est que la pointe visible d’un problème plus profond : l’occupation persistante des villages par ces miliciens, qui continuent d’ériger des barrières et d’empêcher le retour des populations déplacées.
Le silence assourdissant des villages conquis
Le chef du village Kimomo, Stany Libie, a lancé un cri d’alarme. Il dénonce une situation où la terreur est une stratégie délibérée. Les miliciens ne se contentent plus d’incursions ; ils ont pris position en profondeur, allant jusqu’à installer des chefs coutumiers pour affirmer leur emprise. Des tracts menaçant le village de Masiambio circulent, annonçant la prochaine étape de cette conquête. Ces documents ne sont pas de simples menaces, ils sont la preuve d’une détermination à installer une nouvelle autorité, au détriment de la population.
« Ils sont dans la profondeur. Ils veulent que la population qui est déjà sortie ne puisse plus rentrer… Ils ont conquis des terres. »
Ce témoignage poignant révèle l’ampleur du problème. Loin d’être des incidents isolés, ces actions s’inscrivent dans une stratégie de prise de contrôle territorial et d’empêchement du retour.
Quand la réconciliation s’oppose au ratissage
Face à cette menace grandissante, Stany Libie est clair : il ne veut plus de demi-mesures. Il demande un véritable ratissage militaire pour neutraliser les miliciens. Il exprime une frustration largement partagée : l’annonce d’opérations de ratissage est trop souvent suivie par des initiatives de réconciliation, laissant le champ libre aux miliciens pour poursuivre leurs exactions.
Cette situation crée une dangereuse ambivalence entre la volonté politique de pacification et l’exigence de sécurité de la population. Bien que le Vice-premier Ministre de l’Intérieur ait réaffirmé son intention d’organiser des forums de paix dans les provinces touchées par le phénomène Mobondo, la réalité sur le terrain montre que ces miliciens ne sont pas prêts à déposer les armes. Pour les habitants de Kwamouth, la réconciliation ne peut se faire sans la sécurisation du territoire. La paix ne s’impose pas sur des terres où règne la mort.
CB