L’Est de la République Démocratique du Congo, qui est depuis des décennies le théâtre de conflits armés, voit la situation humanitaire atteindre un point critique. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel vibrant, ce mardi, soulignant l’urgence de protéger les populations civiles, les blessés et les malades, et de garantir l’accès aux soins de santé, en stricte conformité avec le droit international humanitaire. Ce n’est pas un simple avertissement, mais un reflet poignant de la souffrance quotidienne vécue par des milliers de personnes.
Les provinces du Nord et du Sud-Kivu, particulièrement touchées par la rébellion de l’AFC/M23 qui occupe désormais de vastes zones, y compris des villes majeures comme Goma et Bukavu, sont au cœur de cette crise. Une étude récente menée par le CICR dans ces régions révèle une réalité alarmante : le système de santé est au bord de l’effondrement.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont accablants. Au premier trimestre de cette année 2025, les hôpitaux soutenus par le CICR ont enregistré plus de 2 300 cas de blessés par armes, soit une augmentation vertigineuse de 172 % par rapport à 2024. Ces blessures sont d’une gravité croissante, souvent causées par des armes explosives, exigeant des interventions chirurgicales lourdes et complexes.
La pénurie de médicaments est généralisée, touchant près de trois quarts des structures de santé évaluées. Des produits aussi essentiels que le paracétamol viennent à manquer, rendant impossible le traitement de pathologies courantes comme le paludisme, les infections ou les diarrhées. Comme l’a amèrement constaté Jean Nicolas Paquet-Rouleau, chef adjoint de la délégation du CICR, « ce sont des cliniques qui ferment, des patients laissés sans traitement, des enfants non vaccinés ». L’impact est d’autant plus dévastateur que les consultations pédiatriques ont chuté de 50 % et le nombre de mort-nés a quadruplé.
À cette détresse s’ajoute le fléau des pillages : trois établissements de santé sur cinq ont été la cible de ces actes criminels, aggravant les ruptures de stocks et désorganisant les chaînes d’approvisionnement vitales. L’insécurité ne se contente pas de blesser et de tuer, elle prive aussi les plus vulnérables des soins qui pourraient leur sauver la vie.
Le CICR alerte également sur un désengagement progressif de certaines organisations non gouvernementales. Chaque retrait, même d’une petite entité, peut entraîner la fermeture de plusieurs centres de santé, fragilisant encore un système déjà exsangue. Le financement humanitaire est une bouée de sauvetage essentielle, et toute baisse a des répercussions dramatiques sur l’ensemble du système de santé.
Depuis janvier 2025, la détérioration de la situation sécuritaire est alarmante, forçant des centaines de milliers de civils à fuir leurs foyers, aggravant ainsi une crise humanitaire déjà profonde. Derrière ces statistiques et ces appels, il y a des vies brisées, des familles déchirées et une population qui endure un calvaire au quotidien. Il est impératif que toutes les parties au conflit prennent leurs responsabilités pour mettre fin à cette spirale de violence et de souffrance.
Célestin Botoleande