Le bras de fer politique entre le ministère de l’Intérieur et le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation de l’ancien Président Joseph Kabila, atteint un nouveau palier. Alors que le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe a procédé, lundi 27 octobre 2025, à la signification d’un arrêté ministériel suspendant les activités du parti, les cadres du PPRD affirment une défiance totale face à cette décision.
Le PPRD Crie à la Dictature et à l’Illégalité
Lors d’une communication conjointe, les principaux dirigeants du PPRD ont vertement critiqué l’acte du gouvernement. Emmanuel Ramazani Shadary, Secrétaire Permanent du parti, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu’il qualifie de « dictature du régime Tshisekedi ».
« Ça nous surprend, nous pensons que le pouvoir actuel a perdu les pédales, parce que le pouvoir actuel va de l’illégalité en illégalité, aucune procédure n’est respectée dans tout ce qu’ils font… Cette suspension est la deuxième illégale. On ne connaît même pas l’arrêté, on n’a pas vu l’arrêté… cette suspension n’engage pas le PPRD, ça doit être mis dans le domaine des fake news », a asséné M. Shadary, ajoutant que « la dictature de Tshisekedi est à son comble ».
M. Shadary a conclu en affirmant que les activités du parti continueront « dans le strict respect des lois de la République et de la Constitution », reléguant la suspension au rang de « provocation » liée aux « échecs de la mauvaise gestion » et à « leur incompétence notoire ».
Harcèlement et Manque de Notification Officielle
Aubin Minaku Ndjalandjoko, vice-président du PPRD et ancien Président de l’Assemblée nationale, a renchéri, dénonçant un « nouvel acte de persécution et de harcèlement ». Il a rappelé qu’une première tentative de suspension, en avril 2025, avait été levée d’office faute de fondement légal.
Aujourd’hui encore, le vice-président regrette l’absence de notification officielle :
« À notre grande surprise aujourd’hui encore ce 27 octobre nous venons d’apprendre par la presse sur la toile qu’il y aurait eu affichage au greffe du Tribunal… Aucune trace de l’arrêté nous ayant suspendu, aucune explication. Donc le harcèlement se poursuit », a-t-il déclaré, soulignant l’opacité de la procédure.
Le Gouvernement Fonde sa Décision sur l’« Ambiguïté » face au M23
L’arrêté ministériel, pris le 18 octobre 2025 par le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, porte la référence N°25/CAB/VPM/MININTERSEDECAC/SLBJ/060/2025. La signification a été effectuée par affichage au greffe du Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe, faute de résidence connue du Secrétaire permanent.
En arrière-plan de ce conflit, le Gouvernement maintient sa principale accusation contre le parti de Joseph Kabila, reprenant l’argument avancé en avril dernier : il reproche au PPRD et à son autorité morale un « silence complice » et une « attitude ambiguë » face à « l’agression rwandaise » et à l’occupation d’une partie du territoire national par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23/AFC. Le PPRD est ainsi accusé de ne jamais avoir condamné publiquement cette agression.
Ce nouveau développement institutionnel promet d’intensifier la crise politique entre l’opposition kabiliste et le régime en place.
Célestin Botoleande
