Le gouvernement de la République Démocratique du Congo semble déterminé à remettre de l’ordre dans un secteur qui a longtemps été marqué par l’anarchie : les affaires coutumières. Lors de la récente réunion du Conseil des ministres, le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, a annoncé des mesures fermes pour lutter contre l’usurpation des titres coutumiers et les conflits qui en découlent.
L’institution du chef coutumier, pilier de nombreuses communautés congolaises, s’est vue ternie par la prolifération de faux chefs, attisant les tensions et les conflits fonciers. Face à cette situation, le gouvernement envisage de lancer des poursuites judiciaires contre ces usurpateurs, dans le but de redorer le blason des véritables autorités traditionnelles.
Les consultations menées auprès des familles régnantes ont mis en évidence l’ampleur du problème. Les conflits liés aux successions, aux limites territoriales et à l’exploitation des ressources naturelles sont souvent exacerbés par la présence de faux chefs coutumiers. Ces derniers, dépourvus de toute légitimité, n’hésitent pas à instrumentaliser les coutumes pour servir leurs intérêts personnels.
Pour les observateurs, la création d’un ministère dédié aux affaires coutumières pourrait apporter une solution durable à cette problématique. Un tel ministère serait chargé d’élaborer une politique cohérente en matière de reconnaissance des chefs coutumiers, de règlement des conflits et de gestion du patrimoine foncier.
Malgré les demandes répétées des chefs coutumiers, ces réformes peinent à se concrétiser. Si le gouvernement actuel a manifesté une volonté de s’attaquer à cette question, les résultats restent encore à venir.
L’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito, a lui aussi souligné l’importance de réformer le secteur foncier, en particulier en ce qui concerne la propriété des terres coutumières. Selon lui, il est essentiel de garantir les droits des communautés locales sur leurs terres ancestrales.
Cette annonce gouvernementale suscite un certain espoir chez les défenseurs des droits coutumiers. Néanmoins, la mise en œuvre effective de ces réformes nécessitera une forte implication de l’État, ainsi qu’une mobilisation de tous les acteurs concernés : autorités traditionnelles, société civile et population.
Célestin Botoleande