À Abidjan, l’opinion publique est fortement divisée après le récent message du président Alassane D. Ouattara qui dit ceci : « Dans le souci de renforcer la cohésion sociale, j’ai signé un décret accordant la grâce présidentielle à M. Laurent Gbagbo. J’ai également demandé qu’il soit procédé au dégel de ses comptes et au paiement de ses arriérés de rentes viagères. »
Pourtant tous ces faits étayés, à savoir la grâce présidentielle, le dégel de comptes et le paiement de ses arriérés de ses rentes viagères devraient être la conséquence logique de sa libération conditionnelle de la CPI en 2019. Juridiquement, Laurent Gbagbo n’avait plus besoin d’attendre les faveurs d’une grâce présidentielle pour reprendre ses droits, dès lors qu’il avait été blanchi par la Cour Pénale Internationale.
Et le président Ouattara le sait mais il s’agit ici d’un acte politique d’une grande symbolique posé soit dans la perpective des prochaines manœuvres politiques et électorales soit pour assurer les arrières de sa propre sécurité personnelle et celle de sa famille une fois qu’il ne sera plus au pouvoir ou soit encore pour vouloir redorer son image fort ternie par les révélations compromettantes dans ses manœuvres de déstabiliser le pouvoir au Mali.
En faisant ce gros pactole de paiement des arriérés de ses rentes viagères, le président Ouattara fait suite à la première opération de charme politique qui a réuni autour de lui les deux ex présidents Bedie et Gbagbo et a voulu donner de lui l’image d’un président rassembleur et non rancunier. Le nouveau décret sur les avantages accordés à l’ancien pensionnaire de la CPI vise tant à le guérir de tout sentiment de vengeance qu’à déplumer son adversaire, à le discréditer et à lui voler le reste de son aura politique qui faisait de lui un opposant irréductible et un adversaire politique redoutable.
Bref comme jadis, la sagesse antique est d’actualité : « Timeo Danaos et dona ferentes », à comprendre en français « « Je crains les Grecs, même lorsqu’ils font des cadeaux ». Il y a beaucoup de raisons de craindre les offres de l’actuel président ivoirien car ils peuvent se révéler des cadeaux empoisonnés.
D’autre part, il est un fait indéniable que beaucoup de ses partisans et proches en exil ou présents au pays ont perdu leurs biens et la vie des membres de leur famille durant la triste crise post-électorale d’Abidjan. La démarche personnelle du président Gbagbo risque d’être mal perçue par ses compagnons de combat qui eux ne se voient indemnisés nulle part ni ne se voient défendus par leur leader qui devrait poser leur retour au pays et leur remboursement financier comme condition sine qua non de sa réponse à l’ouverture politique annoncée par le président Ouattara.
Néanmoins il est trop tôt de tirer un trait sur le président Gbagbo dont l’habileté politique n’est plus à démontrer. Ce n’est peut-être pas en vain que hier dimanche il a refusé l’invitation du président Ouattara à participer à la commémoration de la fête nationale.
Depuis qu’il est rentré au pays, il joue la stratégie du chat devant le serpent. Il lui tend la main et donne l’impression de se faire mordre par le serpent mais en réalité il possède une salive particulière qu’il applique à chaque morsure sur sa main pour neutraliser vite le venin mortel du serpent.
Laurent Gbagbo sait pertinemment bien que le venin du serpent n’est pas inépuisable et il va répéter cet exercice jusqu’au jour où le grand serpent noir d’Abidjan n’aura plus assez de venin pour mordre. C’est à ce moment là que le chat noir pourra faire mal en prenant le serpent par la tête, neutralisant du coup tout son corps et les ambitions électorales de son parti. En Côte d’Ivoire, on assiste donc au jeu du chat et du serpent et l’on ne sait pas qui en sortira vainqueur.
Par Gaba
2 commentaires
Vraiment j’ai aimé le poste. Pour le moment, nous ne pouvons pas dire beaucoup de choses surtout que la politique de nos jours est devenu autre chose. La seule chose que nous pouvons dire pour le moment est que Gbagbo est très mûr dans ces actes. Force à lui et la paix pour la côte d’ivoire pour les prochaines années.
Merci beaucoup pour votre commentaire