La scène politique congolaise est en ébullition à l’approche d’un remaniement ministériel très attendu. Ce samedi, le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, retrouve le Présidium de l’Union sacrée de la nation (USN), sa propre famille politique, pour une réunion qui s’annonce cruciale. Selon des sources bien informées, cette rencontre a pour but de resserrer les rangs et d’éviter les « grincements de dents » que pourrait causer la formation du prochain gouvernement.
Le Chef de l’État entre défis internes et enjeux diplomatiques
Cette session de travail, la seconde du genre après celle de février, se tient dans un contexte de fortes tensions. D’un côté, la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste préoccupante, malgré la signature récente de l’accord de Washington et de la déclaration de principes de Doha. Ces initiatives diplomatiques, censées ramener la paix, n’ont pas encore produit les effets escomptés, laissant la population dans le doute.
De l’autre, le Président Tshisekedi doit gérer la fronde interne de certains membres de sa plateforme. Lors de leur dernière réunion, il n’avait pas hésité à exprimer sa déception face au manque d’engagement de certains dans la gestion de la crise. Pour y remédier, une restructuration de l’USN a été engagée, portant le nombre de membres du Présidium de 6 à 40 et intégrant les représentants des partis les plus influents, conformément à la charte de l’USN.
Un gouvernement Suminwa II en gestation
Au cœur des discussions de ce samedi, il y a la question brûlante du prochain gouvernement. Après des mois d’attente, l’objectif est de rassurer les troupes et de prévenir toute frustration potentielle. Tout indique que le Chef de l’État s’apprête à honorer sa promesse de former un nouvel exécutif. Sauf changement de dernière minute, il s’agira du gouvernement Suminwa II, de nouveau dirigé par la Première ministre Judith Suminwa. Il devrait être à la fois « resserré » et ouvert à d’autres forces politiques, comme l’ont laissé entrevoir les consultations menées en mars dernier par le conseiller spécial Cashmir Kolongele.
Toutefois, ce gouvernement d’union nationale, « made in Union sacrée », n’a pas réussi à rallier les principales forces de l’opposition, qui continuent de réclamer un dialogue national inclusif sous l’égide de l’Église. Ce « Pacte social pour la paix », porté par la CENCO et l’ECC, est présenté par ses promoteurs comme la seule véritable solution aux tensions internes et à la crise sécuritaire, en complément des initiatives diplomatiques.
Alors que l’USN, avec sa majorité écrasante dans toutes les institutions, se prépare à donner un nouveau visage au gouvernement, l’efficacité de cette stratégie interne et ses impacts sur la paix durable restent des sujets de débat au sein de l’opinion publique et de la classe politique congolaise.
Célestin Botoleande