Le ciel politique du Maniema a viré à l’orage ce mercredi. Dans un hémicycle provincial sous haute tension, l’inamovible président de l’Assemblée Provinciale, l’honorable Claude Foreman Makonga Toboka Iki, a été sèchement éjecté de son perchoir. Le verdict, sans appel : 18 voix sur 19 ont acté sa chute, un désaveu cinglant qui résonne comme un coup de tonnerre dans les couloirs du pouvoir local. Seuls trois absents sur les 22 élus que compte l’organe délibérant, signe d’une mobilisation exceptionnelle pour ce vote historique.
Les raisons de cette défenestration ? Un cocktail explosif de griefs, naviguant entre les eaux troubles de la morale publique et les rivages du droit pénal. Spoliation présumée de biens immobiliers de l’État, gestion des affaires de l’Assemblée sous le voile d’une opacité tenace, et clou du spectacle, une accusation inédite et macabre : la profanation de sépultures pour s’arroger illégalement une parcelle de terrain. L’honorable Blaise Bitangalo Mwenda, élu de Pangi, a porté ces accusations avec une fermeté qui a fait mouche, déclenchant une procédure d’éviction suivie d’une mise au pilori en bonne et due forme.
La chute de Foreman Makonga, longtemps figure de proue du paysage politique local, est d’autant plus spectaculaire qu’elle s’est déroulée dans un silence assourdissant de ses anciens soutiens. La plénière, redoutée par certains comme une potentielle poudrière, a finalement accouché d’un vote sans vague. « Plus de peur que de mal », a glissé un député sous le sceau de l’anonymat, visiblement soulagé de voir cette transition s’opérer sans effusion.
Désormais, le dossier brûlant atterrit sur la table de la justice provinciale. Les projecteurs sont braqués sur les prochaines étapes : une audition formelle se profile, et la perspective d’un procès plane au-dessus de l’ancien « patron » de l’Assemblée. Pour les citoyens du Maniema, longtemps spectateurs désabusés des dérives d’une élite politique perçue comme hors-sol, ce séisme pourrait bien marquer l’aube d’une nouvelle ère, celle d’une redevabilité tant attendue. La question qui taraude désormais les observateurs : cette onde de choc va-t-elle engendrer un véritable changement de paradigme dans la gestion des affaires publiques au Maniema ? L’avenir, judiciaire et politique, se chargera de répondre.
Célestin Botoleande