La bataille pour la présidentielle du 20 décembre promet des étincelles en l’air tant dans l’engagement que dans les projets de société concoctés par les candidats présidents.
Au siège de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) où il est allé déposer son dossier de candidature ce samedi 7 octobre, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a lancé le débat sur le profil des candidats en course pour le tant convoité fauteuil de la magistrature suprême.
Alors qu’on s’y attendait le moins, le président sortant s’en est ouvertement pris au Dr. Denis Mukwege et à Moïse Katumbi qui selon lui, se prêtent à ce jeu démocratique sans réelle ambition d’éradiquer l’insécurité endémique qui sévit dans l’Est du pays, afin de sortir le pays du marasme économique dans lequel il est englué depuis des décennies en mettant en place un programme agricole ambitieux pour le pays.
« Le Congo n’est pas un véhicule ou un organe du corps humain pour être réparé. Le Congo est une nation. Le Congo, c’est un peuple qui a besoin de pain et de paix. Nous travaillons à lui ramener du pain et de la paix grâce à un programme très ambitieux de transformation agricole », a dit Félix Tshisekedi, allusion à peine voilée au surnom donné au Prix Nobel, l’homme qui répare les femmes.
Ensuite, le chef de l’État a fait une fixation sur Denis Mukwege dont la notoriété internationale est bien établie en demandant aux électeurs de bien faire attention à ce candidat de l’occident.
«Je vais mettre en garde notre population face aux candidats de l’étranger. J’ai parlé de notre ambition de devenir indépendant sur le plan économique. Cela ne plait pas aux étrangers. Ces étrangers vont fabriquer des candidats. Ces candidats vont venir vous parler, faites très attention ! Ne craignez rien parce que vous êtes le plus fort », a-t-il lâché.
Un autre candidat qui a essuyé des critiques de la part du candidat du pouvoir est bel et bien Moïse Moïse qui, aux yeux des observateurs, se présente comme un outsider sérieux à la prochaine présidentielle. Très direct, Félix Tshisekedi estime qu’à l’instar du Prix Nobel de la Paix 2018, l’ancien gouverneur du Katanga ne mérite la confiance du peuple.
«Il y a des gens qui veulent postuler à la présidentielle alors qu’ils ont même tué la SNCC. Ils ont créé des sociétés de transport par route. Ils ont été gouverneurs, mais n’ont pas été en mesure de doter la capitale mondiale du cobalt (Kolwezi) d’un aéroport digne de ce nom», a martelé le premier citoyen et candidat du pouvoir porté par la majorité compacte de l’Union Sacrée de la Nation.
Et d’ajouter : « Il est temps de laisser tomber cette politique du passé qui consiste à soutenir des pantins et de penser pouvoir les faire élire contre la volonté du peuple (…). Vous reconnaîtrez ces gens par leurs discours quand ils se mettront ensemble ».
Un discours moins attendu à ce stade, qui risque de lancer les hostilités avant même le jour J prévu pour le début de la campagne électorale. En face, l’opposition n’hésitera pas de répondre coup sur coup à cette sortie médiatique du chef de l’État après le dépôt de son dossier de candidature à la CENI. Une ambiance explosive paraît d’ores et déjà au rendez-vous à quelques heures de la fin de dépôt des candidatures prévue ce dimanche 8 octobre.
Par Gédéon ATIBU