Par la Rédaction
Des sources ont communiqué à la rédaction JeuneAfrique, du contenu de l’entretien entre Joseph Kabila et son successeur Félix Antoine Tshisekedi.
Les deux hommes se sont rencontrés le 22 avril 2020 dernier. Si, officiellement, cet entretien a porté exclusivement sur la crise liée à la pandémie de coronavirus, d’autres sujets d’importance ont en réalité été évoqués.
Joseph Kabila s’est personnellement rendu à la résidence présidentielle de N’Sele, où il s’est entretenu durant quatre heures avec Félix Tshisekedi. Seul François Beya, alias Fantômas, le conseiller sécurité de ce dernier, a assisté à cette audience.
Selon nos sources, les discussions ont d’abord porté sur l’enquête visant les fonds alloués au programme d’urgence des cent jours, qui a valu à Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du Chef de l’État, d’être arrêté, le 8 avril dernier.
Si Kabila et Tshisekedi se sont entendus sur la nécessité de laisser la justice travailler en toute indépendance, l’ancien Chef de l’État a exhorté son successeur à « éviter de perdre le contrôle » face à ce qu’il estime être « une boîte de Pandore » ouverte.
Mise en garde
Puis il l’a interpellé sur la situation dans le Haut-Katanga, où plusieurs villes ont été prises pour cible fin mars par les Bakata Katanga, la milice de « Gédéon » Kyungu Mutanga. Une commission d’enquête est chargée de se pencher sur ces incursions meurtrières.
Toujours selon nos sources, Kabila a mis Tshisekedi en garde sur le fait que « tous les pouvoirs, de celui de Mobutu jusqu’au [sien], ont été déstabilisés à partir de cette province ». Les puissants miniers auraient notamment été pointés du doigt, selon l’entourage de l’ex-président.
Le remaniement évoqué
Les deux dirigeants de la coalition FCC-Cach ont ensuite échangé sur la nécessité de remanier le gouvernement. Un dossier déjà évoqué lors de leur dernière rencontre le,12 mars dernier. Ce remaniement est en suspens depuis plusieurs semaines, en raison notamment de la crise liée au coronavirus. Ils auraient par ailleurs critiqué « l’affairisme » de certains membres du gouvernement.
Tshisekedi a également profité de cette rencontre pour informer Kabila de la restructuration qu’il a effectué le 22 avril au sein de la Garde républicaine, en remplaçant notamment Ilunga Kampete, un très proche de l’ancien président sous sanctions européennes.
Enfin, les deux hommes ont abordé la polémique sur la proclamation de l’état d’urgence, qui oppose actuellement Félix Tshisekedi à Alexis Thambwe Mwamba, président du Sénat, et Jeanine Mabunda, présidente de l’Assemblée nationale.
Joseph Kabila aurait demandé à son successeur de laisser le Parlement faire son travail « conformément à la Constitution ». Un principe que le chef de l’État n’a pas rejeté, insistant sur le fait que, « l’institution Président de la République et le Parlement ne sont pas des institutions concurrentes »
Article tiré du site JeuneAfrique.com