Le gynécologue Denis Mukwege, candidat à la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique que la paix dans l’est du pays est sa priorité.
« Nous avons déjà échappé à plusieurs attentats. Les risques existent. Mais dans le balancier, comparé aux milliers de gens qui meurent tous les jours, leurs vies comptent plus. C’est une question de responsabilité », dixit le Prix Nobel de la paix 2018.
Pour ramener la paix dans cette région en proie aux conflits armés depuis plus de 30 ans, Denis Mukwege plaide pour une profonde réforme de l’armée congolaise.
« L’armée actuelle est une armée de milices. Elle est composée d’hommes qui ont combattu dans les groupes armés. Il faut créer une armée professionnelle, républicaine, composée de gens qui n’ont jamais été membres de groupes armés », a-t-il souligné.
Denis Mukwege s’est également montré critique envers les forces militaires étrangères déployées en RDC, qu’il juge d’inefficaces.
« Nous avons des accords bilatéraux avec le Burundi, le Kenya et l’Ouganda, ainsi qu’avec les troupes de l’EAC [Communauté d’Afrique de l’Est] et celles de l’ONU. Et avec tout ça, il n’y a pourtant toujours pas de paix. On crée un chaos inexplicable », indique le ginecologue.
Enfin, le candidat de l’opposition a appelé à une résolution diplomatique du conflit avec le Rwanda, accusé par le pouvoir de Kinshasa de soutenir le M23, un groupe armé actif dans l’est de la RDC.
« Le Rwanda reste notre voisin. Il faut plus de transparence dans nos relations. C’est une relation de business très poussée. Il est possible de créer un climat où ce business permettra à tout le monde de gagner le prix de sa sueur », suggère t-il.
La candidature de Denis Mukwege à la présidentielle est un événement majeur dans sa vie politique. S’il parvient à réunir l’opposition derrière lui, il pourrait avoir une chance de remporter l’élection et mettre fin au conflit dans l’est du pays.
Célestin Botoleande