Ça n’a pas tardé. Déjà accusé de souffler le chaud et le froid au sein de la coalition au pouvoir, Moïse Katumbi est en train de réveiller les chiens endormis. Il a provoqué, se dit-on, la fourmilière et risque d’en faire les frais. Car, en effet, sa réconciliation avec Joseph Kabila dont le régime de Kinshasa s’est séparé, fin 2021, n’est pas vu de bon œil par les Tshisekedistes qui craignent déjà que l’ancien gouverneur les poignarde dans le dos.
Ce lundi 23 mai, du haut des caméras d’Israël Mutombo, Peter Kazadi, un des dignitaires du parti au pouvoir, s’est montré impitoyable vis-à-vis du président du club lushois du Tout-puissant Mazembe. Pince sans rire, le Tshisekediste endosse déjà tacitement les échecs de l’Union sacrée à Moïse Katumbi.
« Katumbi détruit ce que nous sommes en train de construire », lance-t-il dans l’émission Bosolo na politik.
Pourtant, l’expérience politique en RDC nous rappelle que c’est souvent de cette façon que les ennuis commencent. À chaque fois, sous Félix Tshisekedi, quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage. L’exemple de Kabila, Kamerhe, Kabund, François Beya en dit long sur ce qui pourrait suivre après le ralliement Kabila-Katumbi.
Peter Kazadi dont le parti politique s’est appuyé sur Moïse pour se défaire de Kabila et rester seul aux manettes, demande à l’ancien gouverneur de quitter la barque Union Sacrée. Alors que des Katumbistes participent à la gestion du pouvoir, Kazadi considère désormais Katumbi comme un adversaire politique dont Kinshasa doit se méfier.
« Quand ses proches critiquent l’action du gouvernement, qu’ils prennent leur responsabilité de quitter la coalition. Ne pas le faire, c’est de la lâcheté. On se sépare des gens qui ne s’inscrivent pas dans la logique de construire le pays. Le salut du peuple reste la loi suprême. Je ne le considère pas comme un allié mais plutôt comme un adversaire politique », lance Peter.
Mais en même temps, Peter Kazadi ne veut pas responsabiliser Tshisekedi seul dans les déboires socio-politiques, économiques et sécuritaires que connaît le pays. Il demande au peuple de sanctionner tous ceux qui ont géré la Res publica avec le Chef de l’État.
« Félix Tshisekedi va assumer le bilan d’un an au pouvoir. De janvier 2019 à décembre 2020, Félix Tshisekedi n’avait que 35 % de l’effectivité du pouvoir contre 65 % détenu par Joseph Kabila », affirme-t-il.
Le dimanche 22 mai, lors de la journée de clôture du forum de réconciliation inter-Katangais initié par l’archevêque métropolitain de Lubumbashi, Joseph Kabila et Moïse Katumbi se sont faits de chaudes empoignades comme pour enterrer la hache de guerre qui les distançait depuis près de 8 ans. Un tel rapprochement ne peut que faire mal aux yeux du régime qui aura du mal à s’en défaire si élections il y avait.
Certains observateurs craignent déjà que des stratagèmes politiquement motivés soient montés de toutes pièces pour mettre en difficulté les 2 Katangais comptés parmi les plus lourds de la politique congolaise.
Par GABA.T