Par la Rédaction
Après le round 5 du procès Kamerhe, on ne peut s’attendre qu’à un seul verdict : L’ACQUITTEMENT. J’ai déjà expliqué pourquoi aucun système de justice sérieux ne peut condamner le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi. Il faut le dire et le répéter : le Ministère public rdcongolais n’a présenté aucune preuve sérieuse accablant Vital Kamerhe HORS DE TOUT DOUTE RAISONNABLE; tout était approximatif…
Bon, il y a des gens qui m’ont dit « Mbeko, vous ne maîtrisez pas le droit, restez calme », et patati patata. Peut-être. Mais seulement voilà : je maîtrise assez bien le monde des enquêtes civiles et criminelles (qui implique et exige une très bonne connaissance des règles de droit en la matière), et c’est sur cette base que je me suis prononcé sur le procès Kamerhe. Je rappelle à tous ces juristes, qui mystifient les gens inutilement avec des arguments parfois vides de sens, qu’il n’y a pas de procès pénal sans enquête. Autrement dit, le policier et/ou l’enquêteur est la pierre angulaire du dispositif pénal et/ou criminel. Ata Congo eza nango mboka moko anormal etonda batu ya maboma, yo juriste congolais yeba ke ezalaka bongo…
Le procureur de la République et les organismes d’enquête assument, dans le cadre du processus pénal, des rôles qui se complètent. Ils ont tous deux des rôles à jouer avant et après le dépôt d’accusations. Je répète donc aux juristes congolais qui s’amusent avec le droit comme un gosse s’amuse avec son jouet lego : sans enquêteurs, il n’y a pas de procès. La coopération et la consultation entre les organismes d’application de la loi, les organismes d’enquête et le Ministère public sont indispensables à une bonne administration de la justice, puisque les enquêteurs (ils peuvent être policiers, agents privés ,etc.) doivent rassembler des éléments de preuve à la fois admissibles et pertinents.
Or quand on lit la plupart des juristes congolais qui s’acharnent sur Kamerhe, on constate très vite qu’ils ne comprennent rien aux enquêtes pénales, qui constituent pourtant l’un des éléments majeurs de tout système de justice pénale. Comment peut-on se lancer dans des argumentaires prétendument savants pour démontrer la culpabilité de Vital Kamerhe quand le procès lui-même a étalé au grand jour les insuffisances des enquêtes à travers la preuve déposée par la poursuite ?
Dans les pays normaux où le droit s’applique avec rigueur, un procureur, qui constate que la preuve rassemblée par les enquêteurs présente des failles, procède de deux manières : soit il leur demande de continuer l’enquête pour rassembler beaucoup plus d’éléments probants, soit il arrête tout et il n’y aura pas d’accusations. Or au Congo, le procureur, malgré la pauvreté de sa preuve, dépose des accusations et se livre à des contorsions pour le moins surprenantes pour expliquer que le suspect est vraiment coupable. Et vous avez des juristes qui développent des longues théories pour expliquer la commission de l’acte infractionnel alors que la preuve ne prouve rien. Incroyable ! Quand on connaît le niveau de formation des gens dans ce pays, quoi de plus normal…
Entendons-nous bien: je ne dis pas que Vital Kamerhe est innocent ou n’aurait pas détourné les deniers publics. Non. Mais seulement voilà : la preuve de ce détournement n’a pas été faite devant le tribunal.
Si Vital Kamerhe a demandé à ce que son procès soit filmé et diffusé sur la chaîne publique, c’est parce qu’il savait sûrement que ses accusateurs n’avaient rien de probant contre lui, et le procès l’a amplement démontré. Que des journalistes de la diaspora, qui ont la réputation de ne pas être très rigoureux, racontent leur vie pour amuser leur galerie, on peut comprendre. Mais que des juristes affirment que les éléments de preuve à charge déposés sont sérieux, on ne peut que sursauter.
Avant de se lancer dans des démonstrations prétendument « savantes » pour prouver que Vital Kamerhe est coupable, on peut se poser quelques questions : comment se fait-il que Hamida Chatur, épouse Kamerhe, n’a pas été entendue pendant la phase d’enquête ? Comment le procureur de la partie civile a-t-il pu confondre dépôts en espèces et transactions (laissant entendre qu’il s’agissait de virements) ? Comment comprendre aujourd’hui l’acharnement dont est victime Madame Marie-José Mengi, la collaboratrice de Hamida Chatur ? Si le Ministère public congolais est vraiment sûr de son affaire, pourquoi violente-t-il psychologiquement cette femme pour la pousser à charger le couple Kamerhe ?
Je l’ai dit et le répète : ce procès est politique (et nous en avons la preuve), et ce ne sont pas des juristes, qui ne connaissent et ne comprennent le droit qu’à travers les quelques bouquins qu’ils ont lus, qui feront croire le contraire. Les Congolais soucieux d’un véritable État de droit doivent défendre la justice et la vérité. J’ai souvent été critique envers Vital Kamerhe, mais pour rien au monde je n’accepterai qu’il soit victime d’une quelconque injustice. C’est une question de principe…
Par Patrick Mbeko, juriste.