Le gouvernement provincial de la Tshopo est accusé de s’engager dans une campagne d’intimidation et d’arrestations arbitraires visant les membres de la société civile après des dénonciations publiques concernant la gestion des fonds alloués à des événements, notamment le concert de l’artiste Rebo.
Le militant du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA), Jedidia Mabela, a été arrêté ce mercredi 1ᵉʳ octobre par la police et a passé sa première nuit à la prison centrale de Kisangani. Son arrestation, qualifiée d’arbitraire par la LUCHA-Kisangani, fait suite à des accusations de « propagation de faux bruits et imputation dommageable » directement liées aux critiques émises sur l’organisation et le coût des concerts financés par la province.
*Répression de la manifestation et arrestation d’un blessé
L’escalade a débuté mardi 30 septembre. La LUCHA, aux côtés du mouvement citoyen Filimbi, avait initié un sit-in pacifique devant l’Assemblée provinciale de la Tshopo. L’objectif était clair : exiger un contrôle parlementaire rigoureux sur la gestion du gouvernement provincial, mis en cause notamment pour la surfacturation présumée des travaux de réhabilitation de la voirie urbaine.
Cette manifestation pacifique a été violemment réprimée par la police, causant plusieurs blessures parmi les militants. Pire, Lambert Bakonda, un autre militant gravement blessé lors de cette répression, a été également arrêté malgré son état de santé préoccupant. Il a été transféré au Parquet Général pour audition, illustrant la détermination des autorités à neutraliser toute voix dissidente.
Incompétence et menaces illégales
L’arrestation de Jedidia Mabela, désormais sous le coup d’une enquête, et celle de Lambert Bakonda, sont dénoncées par la LUCHA comme des « attaques et menaces illégales visant à intimider ». L’organisation insiste sur le fait que ces actions, menées sur « instigation des autorités provinciales », ne réussiront « aucunement » à faire taire les activistes.
Par ailleurs, les militants Zachary Kingombe et Andy Djuma sont actuellement activement recherchés par la justice, confirmant une véritable chasse aux membres de la société civile dans la province.
Cette série d’arrestations et la répression des manifestations mettent en lumière une volonté du gouvernement provincial de la Tshopo d’étouffer le droit de dénonciation et d’éviter toute redevabilité face aux allégations de mauvaise gestion soulevées par les mouvements citoyens. La porte-parole du Gouverneur de province, contactée par nos soins, a promis une réponse dans les heures qui suivent, une attente qui ne dissipe pas l’inquiétude grandissante quant à l’état des libertés fondamentales à Kisangani.
Célestin Botoleande