Le Sankuru, province déjà familière des soubresauts politiques, est à nouveau au centre d’une onde de choc institutionnelle. Le vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a tranché net, imposant la suspension sine die des activités parlementaires à l’Assemblée provinciale du Sankuru. Une décision, rendue publique ce lundi, qui n’est pas sans rappeler que le centre peut parfois mettre en suspens les velléités des périphéries.
Cette mesure, contenue dans un télégramme du VPM de l’Intérieur, se veut l’écho des recommandations du Président de la République, Félix Tshisekedi. Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’État aurait insisté sur la nécessité de préserver la stabilité des institutions provinciales, un impératif dans un pays où l’équilibre des pouvoirs locaux est souvent mis à rude épreuve.
Une « Désobéissance » aux Instructions de la Haute Hiérarchie
Le document officiel ne mâche pas ses mots : l’Assemblée provinciale est accusée d’avoir « enfreint les instructions émanant de la haute hiérarchie de l’État ». En clair, le bras de fer entre le gouvernement central et l’organe délibérant du Sankuru a atteint son paroxysme. Conséquence immédiate de cette faute de conduite, les membres du bureau de l’institution provinciale sont sommés de rejoindre Kinshasa en urgence pour des consultations. Une convocation qui sonne comme un rappel à l’ordre, voire une mise au pas.
Le « Déchaînement » des Élus face à l’Incompétence
Cette suspension intervient au lendemain d’un événement marquant : la destitution du gouverneur Victor Kitenge Kanyama par les députés provinciaux. Un acte fort de l’Assemblée, qui avait reproché au gouverneur une « incompétence notoire ». Les élus avaient notamment pointé du doigt son incapacité à juguler l’insécurité grandissante et son manque criant de « résultats concrets dans la gestion des affaires provinciales ». Des accusations qui avaient alimenté un « climat de mécontentement généralisé » au sein de la population.
La décision du VPM Jacquemain Shabani illustre la complexité des relations entre le pouvoir central et les entités décentralisées. Elle soulève la question de l’autonomie des provinces face aux injonctions de Kinshasa et met en lumière les règles non écrites d’un jeu politique où la stabilité des institutions prime parfois sur les décisions locales. Le Sankuru est désormais un laboratoire où se joue l’équilibre délicat entre la décentralisation et le maintien de l’autorité de l’État.
Célestin Botolande