Par la Rédaction
C’est toujours évident que la recherche d’un juste équilibre entre deux extrêmes n’atteint jamais le «break-even», même s’il demeure indispensable dans l’humanisation des relations au niveau des décideurs, et par ricochet, entre les hommes. Le refus du paternalisme infantilisant est un préalable à tout débat pour l’harmonisation des «job-description». Une fois qu’il demeure non traité, ce paternalisme dicte les décisions aux gouvernants, ce qui est un abus de pouvoir. La Confédération Africaine de Football s’emploiera à éviter la mainmise de la FIFA dans les affaires de l’organe d’administration et de gestion du football sur le continent, au mieux définir le cadre et le contexte de son intervention à cadences sporadiques et intermittentes.
Autrefois amis fidèles du bon berger Infantino, Ahmad et Omari sont une cohorte dont il faille se débarrasser. Comme souvent, les jeux politiques sont impitoyables, et l’ombre du pouvoir vient sacrément entacher cette vieille amitié entre ces trois hommes. Désormais loin du feu des projecteurs, Ahmad Ahmad et Constant Omari, Président et Vice-président de la CAF, respectivement, se retrouvent dans les sales draps du Président de la Fifa, Gianni Infantino, qui joue aux sapeurs-pompiers, en poussant sa nouvelle pépite, le sud-africain Patrice Motsepe et déboulonner le triumvirat Ahmad-Omari-Lekjaa au Caire, siège de la CAF, au lendemain du scrutin du 12 Mars 2021 à Rabat.
De toute évidence, Infantino use du culot de la souris; une pratique qui rappelle la politique de la souris qui, selon l’imagerie populaire, mord le dormeur au pied et souffle ensuite dessus pour calmer la douleur et empêcher la victime de se réveiller. Mais cette fois-ci, il en a été autrement. La suite en fournira des preuves. Les relations, jadis mirobolantes, sont devenues erratiques, faites de hauts et de très bas à l’heure des enjeux pour l’avenir du football africain.
Il est encore matutinal d’oublier qu’Ahmad Ahmad fut sanctionné le 19 Novembre 2020 par la FIFA et interdit d’exercer les activités relatives au football. Les tripatouillages et autres manquements au Code d’Ethique sont portés contre l’ancien président de la fédération de football à Madagascar. Heureusement que l’ancien membre du gouvernement malgache, prit toutes les dispositions nécessaires pour faire appel auprès du TAS – le Tribunal Arbitral du Sport.
Contre toute attente, le vendredi 29 Janvier 2020 et en plein CHAN, TAS annonçait qu’ «il a accepté la demande de suspendre temporairement les effets de la décision de la Chambre de Jugement de la Commission d’Ethique de la FIFA jusqu’au prononcé du verdict…ceci en raison d’un risque notamment de dommage irréparable pour Ahmad au cas où la sanction disciplinaire serait maintenue durant la période précédant les élections de la CAF». Il va falloir comprendre par le prononcé du TAS qu’Ahmad est autorisé à battre campagne, mais pas à être candidat. «Le TAS a mis en œuvre une procédure accélérée d’audience et a fixé la date d’audience au 02 mars 2021, avec un jour de réserve fixé le 03 mars 2021», renchérit le communiqué aux médias du TAS.
Cette tournure soporifique fait jaser le monde en Afrique, et porte à croire qu’il y aurait une chasse à la sorcière menée par la FIFA au sein de la CAF, d’après les propos d’Alain Foka qui a eu le privilège d’avoir un tête-à-tête avec le Président Intérimaire de la CAF, Constant Omari Selemani, en marge de la compétition du CHAN au Cameroun, le 28 Janvier 2021. La gorge serrée, le patron du Football en RDC a tout le mal du monde pour renchérir, mais il va déchanter très vite, et très remonté, il n’y est pas allé en victime expiatoire. «En revanche là où le bât blesse, ce que j’estime anormal, c’est la création d’une nouvelle jurisprudence sans en connaître les origines profondes ainsi que le champ d’application. Il est très déconcertant qu’au moment du dépôt de ma candidature…que sur la base des simples suspicions ainsi que des allégations, la Commission de Gouvernance les ait déjà transformées en accusations sévères. Ce qui donnerait lieu au questionnement. Secundo, les enquêtes étant encore en cours et pendantes au niveau de la Commission d’Ethique, il est de notoriété que le présumé coupable jouit des bénéfices du principe universel de droit qui est la présomption d’innocence. Est-il possible que les suspicions donnent lieu à la confirmation des chefs d’accusation?», répliquait Constant Omari Selemani.
C’est le verdict de la condamnation in absentia avant le procès sans jugement qui indigne le membre du Conseil de la FIFA. La rationalité de la logique achoppe aux ambivalences d’une justice FIFA à double vitesse selon qu’on jouisse d’un tel ou tel autre pedigree. En sa qualité de Vice-président de la FIFA et Président Intérimaire de la CAF, Omari attend de la Commission de Gouvernance la transmission détaillée des accusations sévères portées contre sa personne, et qui ont été déterminantes dans la prise de décision par cette Commission, relative à l’invalidation de sa candidature comme Membre du Conseil de la FIFA. Il souhaiterait se rendre à l’évidence de la présence d’un jugement quelconque (dont il n’a pas connaissance) déjà rendu par la Commission d’Ethique afin qu’il réagisse à son tour, avec l’appui de tous les leviers légaux à sa disposition.
Etonnamment la consternation de Constant se justifie par le fait qu’en date du 25 janvier 2021, il envoyait ses dernières conclusions à la Commission d’Ethique, et que moins de 24 heures plus tard, soit tôt le 26 Janvier 2021, ces mêmes conclusions soient élevées en accusations dont la sévérité revêt un caractère aggravant. Il y a dans ce cas une préméditation dans l’établissement de la définition des chefs d’accusations par cette Commission d’Ethique contre Constant Omari. On estime que la Commission n’a pas eu suffisamment de temps pour examiner, analyser et qualifier les conclusions du postulant.
Alain Foka va soulever un détail pertinent concernant les allégations contre Gianni Infantino, Président de la FIFA, sans qu’il soit suspendu comme dans les cas d’Ahmad Ahmad et Constant Omari. Cela ne relèverait jamais du pur hasard ni d’une coïncidence outrée quand les Africains pensent qu’il y aurait une chasse à l’homme dans les agissements de la FIFA; Infantino qui est impliqué dans l’affaire Fifagate et certaines allégations relatives aux investigations qu’il aurait initiées contre ses collaborateurs, reste en fonction comme si la ribambelle des faits lui reprochés semblerait putative. Constant Omari est très mal à l’aise pour étayer cette thèse, tant il est encore Lieutenant du Général Gianni ; leurs amitiés personnelles et professionnelles rêvant d’un caractère privilégié, d’où sa retenue, du moins pour lui en toute franchise. Infantino, n’ayant rien à foutre des amitiés nouées avec des Africains, qu’il balaie d’un revers de la main avec une légèreté rédhibitoire, semble avoir réussi son guet-apens en plongeant les deux gibiers de la CAF dans sa gibecière.
Dans l’hypothèse que les griefs reprochés à Ahmad Ahmad se solidifieraient au fil des enquêtes en vue de l’audience du 02 mars 2021, il serait curieux d’émettre des avis en sens divers sur la non-poursuite d’Ahmad Ahmad dont le nom avait été cité dans l’affaire Fifagate avec le scénario Mohammed bin Hammam. Il y avait été indiqué que le Chef du Football à Madagascar, Ahmad, à l’époque, aurait frauduleusement reçu $100.000, 00 de l’administrateur Qatari et ancien Président de la Confédération Asiatique de Football. Les faits se sont produits en 2014 pour les campagnes relatives à l’élection du Président de la FIFA et à la désignation des pays hôtes des Coupes du Monde 2018 et 2022. Dans ces deux situations, il est remarquable qu’Ahmad fasse l’objet des suspensions par la Commission d’Ethique de la FIFA pour avoir prétendument payé $82 000, 00 pour le pèlerinage à la Mecque de certains responsables des associations de football en Afrique. Ladite somme est nettement inférieure à celle qui n’aura pas donné lieu aux enquêtes et poursuites judiciaires dans le cas Bin Hammann, contre la même personne, Ahmad Ahmad. Une justice «double standard» de la chasse à la sorcière uniquement applicable aux Africains par la FIFA et ses commissions; un néo-colonialisme dévastateur et outrageux qui dépeint la dignité des Africains et dégringole l’image de l’Afrique, incapable d’assurer sa survie sans la poussée des Caucasiens.
Le droit de réserve étant de mise, Constant Omari est poliment observateur et respectueux des principes sous-jacents de mécanismes de fonctionnement des instances et institutions gouvernantes de football. Il est clairement établi que Constant Omari joue à la modestie pendant que Gianni Infantino, le Président de la FIFA, s’adonne au ponce-pilatisme. En vrai pyromane, Gianni fait croire qu’il atténue le feu qu’il a allumé lui-même contre les dirigeants de la CAF. L’Afrique de football n’est plus dupe; elle sait que c’est Monsieur Infantino qui convainquit la hiérarchie de la CAF de se débarrasser de Lagardère en qualité du sponsor de la CAF dont le contrat valait $1Milliard sur une période de 12 ans du temps de la présidence de la CAF par Issa Hayatou. Le patron de l’instance mondiale de football fait rêver les dirigeants de la CAF qu’il aurait déjà déniché un remplaçant de Lagardère qui rapporterait plus de 3 fois la cagnotte que payait le conglomérat Français. Pressentie pour remplacer Lagardère, la compagnie des télécommunications Chinoise, Wanda, est toujours attendue de pied ferme au Caire jusqu’à ce jour, malheureusement, Que Nenni!
De telles manœuvres dilatoires initiées par Infantino sont une preuve nécessairement suffisante pour croire à l’inféodation de la CAF à travers moult techniques dont la vassalité, les dénis et manigances afin d’assurer sa subjectivité (CAF) de façon pérenne, à l’autorité d’une seule personne; pourtant la CAF n’a jamais été un membre de la FIFA à l’instar des Associations de Football qui le sont. La désignation de Fatma Samoura, Secrétaire Générale de la FIFA, en détachement auprès de la CAF en Août 2019, demeure la manifestation puissante du leadership et de la mainmise d’Infantino sur la CAF. Ahmad et Omari ont décidé contre la pérennisation de la désignation de la Sénégalaise au sein de la CAF, dont les compétences sont mises à dure épreuve et battent de l’aile à la FIFA qui veut la déguerpir. La CAF étant considérée, pour Gianni, telle la déchetterie de Mbeubeuss, aux alentours de Malika et de Keur Massar à Dakar.
Pendant que le deal avec Lagardère sonnait le glas et depuis que des enquêtes révèlent que Wanda attend certaines garanties pour affirmer et confirmer son engagement, la zone australe de l’Afrique est privée des retransmissions des compétitions africaines en direct ou en différé. Les compétitions de la CAF ne se «broadcastent» pas ni en «live» ni en différé en Afrique du Sud, au Lesotho, à Eswateni (ex Swaziland), en Namibie, au Botswana, au Mozambique et au Zimbabwe depuis cette rupture unilatérale des obligations contractuelles par la CAF poussée par Gianni. Un autre manque à gagner qui prive les populations de la zone australe d’être les témoins privilégiés de l’évolution du football continental.
Alors que l’on assiste au bal des candidats à la Présidence de la CAF, animé par la multiplication et l’affût de leurs stratégies pour le scrutin du 12 mars 2021 à Rabat, il est regrettable d’indiquer que les candidats sud-africain et mauritanien, Patrice Motsepe et Ahmed Ould Yahya, auraient accepté de faire de Fatma Samoura leur Secrétaire Générale au sein de la CAF en cas de victoire, en échange du soutien que leur pourvoira Infantino pour la robustesse de leurs campagnes électorales. Les sénégalais Augustin Senghor et l’Ivoirien Jacques Anouma, ont émis leur veto contre cette attitude féodale de l’infantilisant Gianni.
Tribune de Jeff M. Katala, à Johannesburg