Par la Rédaction
La presse belge continue d’alerter les autorités de la république sur la situation sanitaire de Vital Kamerhe. Le Soir.be n’est pas allé par le dos de la cuillère pour interpeller, à travers sa parution de ce vendredi 27 novembre, les décideurs du sort (la vie ou la mort) de Vital Kamerhe.
La vie de Vital Kamerhe, l’un des hommes politiques les connus du Congo et toujours très populaire dans l’Est du pays, ne tient plus qu’à un fil. Hospitalisé au centre Nganda à Kinshasa, il aurait perdu 18 kilos, sa tension serait tombée à 8,5 et, inconscient, il a été placé sous assistance respiratoire. Voici deux jours, au sortir d’une visite, le vice-ministre de la justice avait déjà déclaré que l’ancien allié du président Tshisekedi qui, en titre, est toujours son directeur de cabinet, serait dans un état critique. Seule une évacuation sanitaire urgente pourrait,- peut-être- le sauver mais une telle décision dépend directement du chef de l’Etat Félix Tshisekedi.
Autres temps autres mœurs : alors que jadis le père du président actuel, Etienne Tshisekedi, opposant farouche au président Mobutu, bénéficia plusieurs fois d’évacuations sanitaires autorisées, (sinon financées) par le chef de l’Etat, il apparaît que son fils serait trop occupé par la fin des consultations nationales pour autoriser une telle mesure.
D’après certaine sources, Vital Kamerhe, condamné à vingt ans de travaux forcés, aurait contracté le covid durant son séjour à la prison de Makala, mais selon d’autres informations, il pourrait avoir été victime d’un empoisonnement.
La « descente aux enfers » de Vital Kamerhe a commencé l’été dernier, lorsque le jusque là tout puissant directeur de cabinet du chef de l’Etat a été accusé d’avoir détourné 50 millions de dollars. Dans le cadre du « programme des cent jours du président » cette somme devait être affectée à la construction de 3500 maisons préfabriquées destinées à des programmes sociaux.
A l’issue d’un procès très médiatisé, qui débuta par la mort mystérieuse de l’un des juges, Kamerhe fut condamné en même temps qu’un homme d’affaires libanais Kamih Jammal, mais ce dernier, vu son âge et ses relations, fut autorisé à quitter le pays, de même que l’homme d’affaires américain Erwin Blattner.
Depuis sa cellule de Makala, Kamerhe, lui, ne cessa de clamer son innocence, mais tous ses recours furent systématiquement rejetés, même s’il est apparu plus tard que les maisons en question avaient bien été construites et livrées par l’Angola et la Zambie. Si elles n’ont pas été remises à leurs destinataires, c’est parce que l’Etat congolais n’a pas encore payé les frais de douane….
En réalité, le procès fait à Kamerhe fut aussi politique que judiciaire : le directeur de cabinet du président a peut-être, aussi, été victime de lui-même. Son train de vie, la munificence de son mariage avec Hamida Shatur, ex épouse de la star JB Mpiana avaient fait jaser et une certaine arrogance avait fait le reste. Car Kamerhe ne se privait pas de rappeler, un peu imprudemment, que c’est grâce à lui que Félix Tshisekedi était devenu président et qu’il lui était aussi redevable que naguère un certain Joseph Kabila. Au Congo comme ailleurs, il n’est pas bon de souligner que l’on a été faiseur de roi et que le pouvoir suprême n’est pas hors de portée…
Nul n’a oublié en effet qu’au lendemain des élections du 31décembre 2019, alors que Martin Fayulu était donné pour vainqueur par les observateurs de l’Eglise catholique (qui n’ont cependant jamais publié leurs résultats) c’est avec Félix Tshisekedi que président sortant Joseph Kabila avait accepté de former une coalition menant à une passation de pouvoir pacifique, la première dans l’histoire du pays. A la veille des élections, le 13 novembre 2019, Kamerhe et son parti l’UNC (Union pour la nation congolaise) avait conclu un accord avec le parti de Tshisekedi, l’UDPS et présenté une liste commune CaCh, Cap pour le changement. Plusieurs sources avaient alors assuré que les deux hommes, Tshisekedi et Kamerhe avaient conclu un accord secret, prévoyant qu’en 2023, lors des prochaines élections présidentielles, Kamerhe serait lui=même candidat à la présidence.
Cette ambition expliquerait pourquoi l’homme politique puissant, ancien commissaire à la Monuc, (première version de la force des Nations unies) artisan du dialogue intercongolais et des accords de paix de Sun City en 2002, allait se contenter du simple poste de directeur de cabinet. Une situation modeste en apparence, mais permettant de contrôler tous les rouages du pouvoir et suscitant inquiétudes et jalousies, sans parler de la vindicte de diplomates occidentaux soupçonnant des liens secrets avec Kabila…
Outre des lézardes dans la coalition CaCH, l’éventuelle disparition de Kamerhe serait très mal vécue dans son Kivu natal où l’UNC demeure très populaire et pour beaucoup de Congolais elle serait synonyme d’ « ingratitude », un terme qui valut à la chanteuse Tshala Mwana de passer une nuit en prison…