Six mois après que le Chef de l’État a décrété l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri afin de mettre fin à l’activisme des groupes armés dans cette région du pays, l’Association Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADHO/BENI) déplore la continuité des massacres contre les civils malgré les efforts déployés par l’État à travers les opérations militaires.
Dans un communiqué publié mardi, l’ASADHO dresse un tableau sombre de 252 cas de massacres, 38 cas d’enlèvements et sept cas d’incendies de véhicules dans le seul territoire de Beni depuis le mois de mai.
Sans donner le nombre exact de civils tués lors de ces attaques, l’ASADHO déplore l’insécurité grandissante dans plusieurs villages du territoire de Beni du fait de l’activisme des groupes armés. « Six mois après l’instauration de l’état de siège, les populations continuent de quitter leurs habitations et plusieurs villages et villes restent inoccupés à la merci des rebelles ADF et autres groupes armés qui règnent en maître », indique le document de l’ASADHO.
« Cette situation d’insécurité a un impact négatif sur la vie de la population, avec plusieurs conséquences humanitaires, sociales et économiques », regrette l’ASADHO, ajoutant que « face à la persistance des atrocités, des voix s’élèvent partout pour demander la fin de l’état de siège, car la population a le sentiment qu’il n’y a pas de différence entre la période avant et pendant l’état de siège », insiste l’ASADHO dans son communiqué officiel.
Face à cette situation, l’ASADHO recommande au gouvernement congolais de :
– Renforcer l’armée dans les zones affectées par le conflit armé
– Améliorer les conditions des soldats engagés en première ligne
– Evaluer le travail effectué par les facilitateurs de l’état de siège
-Accélérer le processus de la DDRCS pour permettre aux groupes armés qui soutiennent la reddition de le faire sans crainte.
Par ailleurs, l’Association Africaine des Droits de l’Homme appelle les présidents des deux chambres du Parlement à se rendre à Beni dans la province du Nord-Kivu et à Irumu dans la province voisine de l’Ituri pour analyser le rapport produit par le chef d’état-major des FARDC suite à sa mission d’évaluation dans cette région.
Abordant la question de la mise en œuvre de l’état de siège, l’ASADHO suggère : » qu’une loi sur les mesures d’accompagnement de l’état de siège soit adoptée afin de déterminer les responsabilités de chaque acteur, mais aussi de définir les clauses qui permettront à la population de bénéficier de certains avantages liés à l’état de siège, tels que les allègements fiscaux ».
Instauré le 6 mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, l’état de siège avait pour objectif de mettre définitivement fin à l’activisme des groupes armés dans ces deux provinces par des opérations militaires d’envergure. Cependant, six mois après l’instauration de cette mesure, les résultats obtenus n’ont pas convaincu l’ensemble de la population, compte tenu de la persistance des massacres.
Par GABA.T