Par Edmond Izuba
C’est pratiquement une fatwa que signe la direction de communication de la Présidence de la République contre les prélats catholiques. Depuis le matin de ce mardi 02 mars, la dépêche coulée sous forme d’une déclaration politique, est alimentée par toutes les plateformes numériques (formelles et informelles) gérées par les services de communication de la Présidence de la République.
Inspirée des discours à la soviétique du régime Kabila de triste mémoire, cet article est publié au lendemain de la déclaration de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), exposant des états d’âme en lieu et place d’âmes d’hommes d’Etat. Un discours émaillé de légèreté et ne reflètant pas les attitudes politiques du Chef de l’Etat congolais face à cette question particulière des élections. La Présidence de la République reproche à la CENCO d’avoir rappelé au Président de la République l’échéance Constitutionnelle de la tenue des élections générales constitutionnelles prévues obligatoirement avant la fin de l’année 2023. Elle a tenté de démystifier l’église catholique en déplorant, non sans les démontrer, les accointances imaginaires que l’église universelle entretiendrait avec des officines politiques, tout en rejetant les missions politiques citoyennes des Evêques.
D’ailleurs sur le plan politique, Félix Tshisekedi a toujours reconnu le rôle important qu’a joué l’église catholique dans la longue lutte « meurtrière » pour aboutir à une alternance pacifique dans notre pays. L’église est la seule qui, à plusieurs occasions, a volé au secours du peuple congolais « opprimé » par la classe politique dirigeante. Etienne Tshisekedi, le père biologique de l’actuel Chef de l’Etat, le témoignerait mieux depuis sa tombe si le miracle de la résurrection lui a été permis. L’église assume sa mission prophétique d’alerter et de veiller sur tout mal, quelle que soit sa forme, qui peut mettre en mal le pays et son peuple. Il s’agit de prévenir plutôt que de guérir. Il y a la Belgique qui monte au front sur cette question. Il faut conjurer ce discours en se l’appropriant. Il est indiqué pour tout responsable politique de l’envergure du Chef de l’Etat de ne point l’enfermer dans un discours qui laisse transparaître qu’il serait allergique aux alertes.
Pour rappel, le Président de la République, Félix Tshisekedi avait, à son temps, marché contre le glissement de calendrier electoral par l’ancien régime de Joseph Kabila. Les Evêques catholiques revêtus de leur mission des Pasteurs, pour montrer la bonne voie à suivre à leurs peuples, ne pourraient jamais se trahir pour faire plaisir à une classe politique trouve son confort dans les antivaleurs.
Depuis son accession au pouvoir, à chaque situation de crise que traverse le monde politique au Congo, Félix Tshisekedi ne manque pas de consulter l’église catholique à travers ses évêques. « Nous avons insisté à la fin de la coalition dont nous avons dénoncé à maintes reprises l’inefficacité. Ce qui a donné lieu à l’avènement de l’Union sacrée de la Nation et au changement des animateurs de grandes institutions », a rappelé hier Abbé Donatien N’Shole devant la presse dans la grande salle du Centre Interdiocésain. La direction de communication du Chef de l’État l’ignore peut-être. Mais, il faut relever que cette prise de position sévère a superbement oublié d’intéressantes recommandations de l’église faites au Président de la République et son nouveau gouvernement pour sortir du marasme socio-économique chaotique que vit la population tout le jour.
Issu d’une éducation chrétienne catholique, comme le Chef de l’Etat congolais a lui-même eu à l’affirmer lors de son passage à la radio Vatican, à Rome, après sa rencontre avec le pape François : « j’ai bénéficié d’une bonne éducation catholique ». La dépêche de la direction de communication de la Présidence de la République a ignoré que les accointances du Chef de l’Etat avec l’église catholique sont plus fortes que le défunt oncle paternel du Président de la République, Mgr Gérard Mulumba, fut Evêque. Chercher à monter Félix Tshisekedi contre les évêques, ne serait-il pas une occasion de le pousser à outrager ses propres origines chrétiennes ?