Dans une décision qui a suscité une vive réaction au sein de la société civile, le gouvernement congolais a annulé l’arrêté portant sur le relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Cette mesure, qui devait améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs congolais, a été jugée irrégulière par la Première ministre, Judith Suminwa.
Dans une note adressée au Ministre d’État en charge du Travail, Ephraim Ekwakwa, la cheffe du gouvernement a souligné les nombreuses irrégularités qui entachent cet arrêté. Parmi celles-ci, on peut citer le non-respect de la procédure légale, un vice de forme et une incompétence matérielle de l’auteur.
« Cet arrêté n’a pas respecté toute la procédure requise en la matière », a déclaré la Première ministre. « Par conséquent, je vous instruis de le rapporter, pour vice de forme et incompétence matérielle de l’auteur. »
Si cette décision a été motivée par des considérations juridiques, elle n’en demeure pas moins un coup dur pour les travailleurs congolais qui attendaient avec impatience une amélioration de leurs conditions de vie. En effet, le relèvement du SMIG était perçu comme une mesure indispensable pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.
Consciente de l’enjeu social de cette question, la Première ministre a toutefois appelé le ministre du Travail à lui présenter dans les plus brefs délais un nouveau projet de décret, élaboré cette fois-ci en concertation avec l’ensemble des parties prenantes, notamment le Conseil National du Travail.
« Compte tenu de l’actualité de la problématique, qui rentre dans le droit fil de la vision de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, et du Programme d’Actions du Gouvernement, notamment dans son Pilier L, spécifiquement sur la nécessité de protéger le pouvoir d’achat de la population, je vous demande de me présenter, dans les plus brefs délais, les éléments pertinents et nécessaires à la prise du Décret sur le SMIG », a-t-elle souligné.
Un enjeu social majeur
L’annulation de l’arrêté sur le SMIG relance le débat sur les conditions de travail en République démocratique du Congo. Si le gouvernement s’est engagé à améliorer le pouvoir d’achat des Congolais, il lui faudra désormais trouver les moyens de concilier cet objectif avec les exigences légales et réglementaires.
Les organisations syndicales et de la société civile suivent de près ce dossier et appellent les autorités à agir rapidement pour mettre en place un nouveau dispositif permettant de garantir un salaire minimum décent à tous les travailleurs.
Célestin Botoleande