Les contraintes sont multiples pour l’organisation des bonnes élections en 2023. Ce qui était en l’air depuis plusieurs mois vient d’être confirmé.
Les élections dans un pays incluent plusieurs paramètres à réunir du côté de la CENI (organe technique) autant que du côté du pouvoir politique. Les pesanteurs politiques sont plus à considérer pour les élections dans un pays comme le nôtre.
Si le pouvoir de Kinshasa n’a aucune raison pour ne pas glisser, les difficultés qui se présentent le mettrait dans l’obligation de renvoyer ces élections, qui font déjà agiter l’atmosphère politique, aux calendes grecques.
En effet, mis à part les difficultés de tout ordre que rencontre la Commission Électorale Nationale Indépendante( CENI) pour la tenue des élections en 2023, il faut ajouter à cela la situation sécuritaire dans l’Est du pays où le M23, groupe armé rebelle soutenu par le régime de Kigali a ressurgi et occupé la cité frontalière de Bunagana pendant plus de 135 jours.
Comment les populations des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu (en état de siège) se présenteront aux urnes au cas où il y aurait élections en 2023 ? Quel système sécuritaire mettra-t-on en place pour protéger les civils, les observateurs nationaux et internationaux ainsi que les kits et agents électoraux ?
Cela étant, il aura fallu lever l’état de siège qui, enregistre plus de revers que de succès depuis qu’il a été décrété en mai 2021 dans cette partie du pays considérée comme le bastion de l’opposition avec plus d’électeurs pour que les élections puissent y avoir lieu.
Face à cette condition, le gouvernement congolais qui a fait de cette question son cheval de bataille serait dans la difficulté de se faire convaincre dans ce coin du pays, car l’on se rappellera que le Chef de l’État, Félix Tshisekedi avait promis même mourir pour que la paix soit restaurée dans la partie orientale du pays, d’où l’objectif de l’état de siège qui se révèle être un échec pour les populations civiles de l’Est.
On s’accorde à dire que l’état de siège sera prorogé jusqu’à ce que les objectifs pour lesquels il a été décrété soient totalement atteints. Et alors, ce sera possible de restaurer la paix et en finir avec les différents groupes armés dont le M23 en moins d’une année ? Hypothèse peu certaine.
Ce tableau représente la situation générale dans presque l’ensemble des provinces du pays à l’image de la tension qui règne à Kwamouth.
Tout est désormais plus clair qu’il n’y aura pas élections en 2023 en République démocratique du Congo. Le dialogue, peut-être, qui ouvrira la voie, à apaiser les tensions qui pourraient survenir à la suite du glissement programmé déjà à plus de 60%.
Et le gouvernement congolais, à travers son porte-parole, Patrick Muyaya, a déjà posé la condition sine qua non pour l’organisation des élections.
« La RDC prend à témoin, la communauté internationale et rappelle à la face du monde que, la paix et la stabilité dans sa partie Est, sont nécessaires pour la bonne tenue des élections en 2023 », a déclaré le gouvernement congolais. Une échappatoire ou une volonté manifeste du gouvernement de la RDC à en finir avec les poches d’insécurité par-ci par-là ? C’est là la question.
Le miracle n’existe plus !
Étant championne de l’impréparation et de l’improvisation, tout reste donc possible que la RDC se rattrape en dernière minute pour sauver le processus électoral qui connaît déjà un retard quant à la publication du calendrier électoral. Faute au gouvernement ou la CENI ? Jusqu’ici la CENI n’a reçu que 400 millions de dollars américains sur le 1 milliard de dollars américains demandé.
A cette allure où vont les choses, le pays de Joseph Kabila, père de l’alternance de 2018 à l’issue des élections générales organisées sur fonds propres du pays, se verrait dans l’obligation de tendre la main à la Banque mondiale ou au FMI pour recevoir d’eux ces fonds qui manquent à l’organisation des élections en RDC. Et ce sera pour quel genre élections puisque l’on est persuadé que tout risque d’être fait à la va vite en dernière minute. On est parti pour recommencer. C’est ici que le principe « Diriger c’est prévoir» vaut tout son pesant d’or.
Par Gédéon ATIBU