Deux (2) semaines après l’expression de la contestation populaire à Goma due à l’insécurité grandissante sur toute l’étendue de la ville et sous la barbe des autorités de l’état de siège mais aussi, face à l’accord de coopération entre les Polices Congolaise et Rwandaise signé à Kigali, au Rwanda, au Quartier Général de Kacyiru, le collectif des mouvements citoyens ainsi que les forces vives de Goma se disent abasourdis par le silence complice de la justice militaire. Il s’inquiète qu’il n’y ait jusque-là pas d’enquêtes et de poursuites contre tous les éléments de la police qui ont tiré sur les manifestants d’une part, et du côté des manifestants qui ont tué un policier d’autre part.
Dans une déclaration à la presse le lundi 3 janvier 2022, ces derniers ont livré, contrairement au rapport des autorités congolaises faisant état de trois (3) personnes tuées, celui de cinq (5) morts.
Il s’agit, selon eux, d’Edison Kasereka, abattu au quartier Majengo par un élément de la PNC alors qu’il voulait se rendre à son lieu de travail, du commandant de la police du village de Rukoko, Baudoin Gapasi, tué à l’arme blanche par des manifestants violents à Majengo, d’un motocycliste non autrement identifié abattu à Ndosho, d’un bébé abattu dans le dos de sa mère qui a été à son tour blessée et d’un étudiant abattu à Kyeshero par un policier à côté du bureau de ce quartier.
Pour ces militants des mouvements citoyens, il est inadmissible que des vies sombrent comme si de rien n’était et que les autorités de l’état de siège se complaisent à menacer les organisateurs de la ville morte, qui pourtant, pour leur part, ont accompli un devoir patriotique d’arracher la parole à une population muselée et meurtrie par l’insécurité sous toutes ses formes. Ils estiment que la priorité devrait plutôt être donnée au jugement public des coupables connus qui ont utilisé leurs armes pour tuer et blesser cette même population en colère.
Ces militants dénoncent également les menaces proférées à l’encontre de leur collègue Ricky Paluku de Veranda Mutsanga, dans un audio circulant sur les réseaux sociaux et attribué au commissaire provincial de la PNC Aba Van Ang lors d’une parade policière et dans lequel il dit «avoir l’intention de fouetter leur collègue, comme s’il ne savait pas que la torture est un crime en droit positif congolais.»
Ces derniers déplorent en outre le fait que les autorités congolaises «s’obstinent à justifier la répression sanglante de cette journée par l’argument dilatoire selon lequel il n’y a pas de policiers rwandais sur le sol congolais et que, par conséquent, l’appel à la ville-morte était inapproprié.»
Ainsi, les mouvements citoyens de Goma rappellent par leur déclaration qu’ils n’ont jamais appelé à «une ville-morte pour chasser toute police existante à Goma.» Ils désavouent, par contre, «les accords frauduleux de coopération des Polices de la Région et surtout celui avec la Police Nationale Rwandaise pour un éventuel siège à Goma».
«Nous n’accepterons jamais cette approche de notre vivant dans cette ville et nous nous y opposerons toujours par les voies légales. Nous condamnons fermement tous les crimes commis le lundi 20 décembre 2021. Les responsabilités doivent absolument être établies et la justice rendue, étant donné que les unités de la PNC déployées sur le terrain pour réprimer la population civile sont identifiables et connues», écrivent-ils.
Ils demandent ainsi l’arrestation immédiate des commandants des unités déployées le jour de la manifestation à Majengo et Ndosho, ainsi que de ceux qui ont tiré directement sur les manifestants. Ces jeunes demandent également l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des manifestants qui ont tué le policier à Majengo et de ceux qui se sont enfuis avec des armes de la PNC.
Par GABA.T