Décédé le dimanche 11 juillet en région parisienne à l’âge de 81 ans, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque émérite de Kinshasa, était devenu un familier des congolais. Cet homme d’Église, devenu au fil des temps tout un symbole, a inlassablement lutté pour la justice et la paix en République Démocratique du Congo.
Qui est le Cardinal Monsengwo ?
Né à Mongobele dans le diocèse d’Inongo dans l’Ouest de la RD-Congo, le 07 octobre 1939. Après des études humanités littéraires au petit Séminaire de Bokoro et philosophiques au grand séminaire de Kabwe au Kasai, Laurent Monsengwo a été ordonné prêtre le 21 décembre 1963 au Collegio Urbano de Propaganda Fide, à Rome, par Son Éminence le Cardinal P.AGANIAN, préfet de la Congrégation de la Propagande Fide.
Ordonné évêque auxiliaire d’Inongo le 04 mai 1980 des mains du feu Pape Jean-Paul II à Kinshasa, Laurent Monsengwo sera transféré en 1989 comme évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Kisangani dans l’Est puis nommé archevêque de cet archidiocèse quelques temps après. Il sera finalement transféré en 2007 comme archevêque de Kinshasa et créé Cardinal par le Pape Benoît XVI lors du consistoire de 2010.
Président de la Conférence Nationale Souveraine
À ce poste, il est l’une des rares voix à dénoncer les violations des droits de l’homme sous le régime dictatorial de Mobutu Sese Seko. En 1991, il dirige la Conférence Nationale Souveraine (CNS) dont le but était d’organiser de larges consultations populaires face à la crise que traversait alors le Zaïre. En 1992, cette instance qu’il continue de diriger devient le Haut Conseil de la République (HCR), puis le Haut Conseil de la République-Parlement de Transition (HCR-PT). Mais il est contraint de démissionner en 1996, menacé de mort.
Avec le successeur de Mobutu, Laurent Désiré Kabila, les relations ne sont pas des meilleures. Il se voit même plusieurs fois confisquer son passeport.
Président du SCEAM
De 1997 à 2003, Mgr Monsengwo dirige le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique de Madagascar (SCEAM). Il est aussi président de Pax Christi international en 2002, puis de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) en 2004. Il est transféré à Kinshasa comme archevêque en 2007 et créé cardinal par Benoît XVI en 2010. Il devient le troisième cardinal congolais après le cardinal Joseph Malula et le cardinal Frédéric Etsou Nzabi Bamungwabi. À ce titre, il participe au conclave qui a abouti à l’élection du Pape François en 2013. En avril de la même année, il fait partie du Conseil des neuf cardinaux chargés d’aider le pape dans le gouvernement de l’Église universelle.
Engagement sociopolitique
Le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa de 2007 à 2018 est connu pour son engagement sociopolitique. En 2018, il a été élu parmi les personnalités les plus influentes du continent africain. Il a notamment marqué par son discours, le 2 janvier 2018, deux jours après que le régime de Joseph Kabila avait durement réprimé une manifestation de catholiques, faisant au moins cinq morts. « Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD-Congo », avait tonné le désormais archevêque émérite de Kinshasa, marquant ainsi le début du combat acharné de l’Église de RD-Congo contre un troisième mandat de Joseph Kabila. Un combat dont elle est sortie vainqueur puisqu’il y a eu une alternance politique de fait. Plusieurs fois, l’engagement du patriarche sous les régimes des anciens présidents Mobutu Sese Seko, Laurent Désiré Kabila puis Joseph Kabila, l’a mis au-devant de la scène politique. En 2018, il a 79 ans quand le pape François accepte sa démission du siège épiscopal de Kinshasa. Il y est remplacé par Mgr Fridolin Ambongo lui-même créé cardinal en octobre 2019.
Par la Rédaction