« À l’instant mon père est malade, ma mère n’a pas de boulot salarié, mon frère est en D3 à l’université. Me demander de payer la somme de 121.000fc c’est me chasser de l’école. Le dire à mon père c’est le traumatiser. Beaucoup de parents sont incapables aussi. S’il vous plaît, rabaissez ces frais scolaires », a tweeté ce matin le jeune compatriote de Béni, Jason Muhiwa.
Des commentaires violents se sont déchaînés contre lui, allant jusqu’à lui demander de fermer sa bouche. Et pourtant ce jeune compatriote exprime une préoccupation légitime que les tenants du pouvoir doivent prendre en considération.
Pourquoi? Parce que le gouverneur militaire du Nord-Kivu a signé un arrêté depuis le 1er décembre dernier fixant pour les écoles publiques les frais d’études allant jusqu’à 75$ par élève et par trimestre en raison des frais de fonctionnement, des primes d’encouragement et d’appui aux besoins de l’enseignant. Au dire de Jason, à ces crésus cités plus haut, il faut ajouter 1000 FC comme frais connexes dont le minerval et 98.000 FC exigés pour la participation à la prochaine session des examens d’État édition 2022.
Tout esprit censé ne peut qu’être choqué devant un tel déchaînement d’insultes sur le pauvre garçon. Quand je lis : « T’es un tribaliste toi, tu penses qu’il n’y a que les élèves de l’Est seuls qui subissent ce moment douloureux? Il faut plaider pour que la situation s’améliore dans toutes les écoles de la RDC. » ou encore “En dehors de l’enseignement de base, l’éducation est payable. Nous autres avons perdu les parents dès le bas âge, mais nous avons pu tenir jusqu’à devenir ce que nous sommes. Soit tu fais la politique active soit tu te tais”, des réactions venant des personnes qui ont l’âge des parents de Jason, on se dit qu’il y a un sérieux problème de bon sens au Congo-Kinshasa.
On prend tout de même nos loupes pour chercher le relent du tribalisme dans ses dires ou de politisation de son comportement, on n’en voit aucune trace. Il faut plutôt comprendre que le jeune homme ne parle pas pour lui-même mais se fait le porte-parole de familles écrasées sous le poids de ce conflit qui dure depuis décennies. Son cri de détresse se veut une plaidoirie en vue d’amélioration des conditions d’études de la jeunesse congolaise.
Il faut donc que les élus de Beni se saisissent de cette préoccupation soulevée par Jason et l’inscrivent dans l’ordre du jour de la session de l’Assemblée Nationale pour lever des mesures favorables à la situation d’exception dans laquelle vivent si durement nos frères et sœurs de l’Est.
Par GABA.T