Un procès hors du commun se déroule depuis jeudi dernier à Lubero-centre, à environ 70 km de la ligne de front. 23 militaires comparaissent devant la justice militaire pour des faits graves commis en pleine guerre contre les rebelles du M23. Lâcheté devant l’ennemi, dissipation de munitions, pillages, meurtres et tentatives de meurtres : les chefs d’accusation sont accablants.
L’audience se tient dans un cadre rudimentaire, sous un hangar couvert de tôle dans la cour de la commune rurale de Lubero. Les 23 accusés, visiblement abattus, attendent leur sort. L’instruction a débuté jeudi et les plaidoiries et le verdict sont attendus ce vendredi.
Le parquet militaire ne manque pas de sévérité : il reproche aux soldats d’avoir fui devant l’ennemi, compromettant ainsi la sécurité des populations et le déroulement des opérations militaires. Pire encore, certains sont accusés d’avoir profité de la situation pour piller les biens des civils, commettant des actes de barbarie inacceptables.
Ce procès exemplaire se veut un message fort aux autres soldats engagés sur le front. Les autorités militaires ne toléreront plus les actes de lâcheté, d’indiscipline et de barbarie qui ternissent l’image de l’armée et mettent en danger les populations civiles.
Le choix du lieu du procès n’est pas non plus fortuit : il se tient à proximité de la ligne de front, là où les bavures et les abus des militaires sont le plus ressentis par les populations. C’est un signal clair que l’impunité ne sera plus tolérée et que la justice militaire saura punir sévèrement ceux qui s’écartent du devoir.
Un rappel des enjeux de la guerre et de la protection des civils
Ce procès rappelle également les enjeux de la guerre qui se déroule dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les populations civiles sont les premières victimes de ce conflit et elles doivent être protégées par ceux-là mêmes qui sont censés les défendre.
Le verdict attendu ce vendredi sera scruté de près par tous. Il sera l’occasion de mesurer la détermination des autorités militaires à faire respecter la discipline et à sanctionner sévèrement les dérives inacceptables.
En attendant, ce procès exemplaire est un pas important dans la lutte contre l’impunité et pour le respect des droits humains dans le contexte conflictuel actuel.
Célestin Botoleande