Le Service National a embarqué 320 jeunes désœuvrés de la ville de Lubumbashi (Haut-Katanga) vers Kaniama Kasese le samedi 07 mai dernier. Objectif, assurer la réinsertion dans la communauté de ces jeunes communément appelés « chégués » et mettre ainsi fin à l’insécurité urbaine.
Certes, c’est un ouf de soulagement pour les habitants et la mesure est saluée notamment par la population souvent victime du vol ou des menaces. Mais le processus connaît des zones d’ombre, surtout dans l’identification de ces jeunes, distinguer les chegués et ceux qui ne le sont pas.
Entre volonté et non-préparation
L’opération s’est déroulée à la veille de l’embarquement, soit vendredi. Le service national n’a pas hésité d’exprimer les difficultés rencontrées et qui sont liées à cette opération. Pas de mobilisation avant, des jeunes ont été arrêtés dans la rue sans pour autant être identifiés comme désœuvrés. La cible a-t-elle été atteinte ? Joachim Diana, chargé de communication du Service National joint par NewsCongo parle d’un travail à la hâte. La police qui devrait faire ce travail en amont ne se serait donc pas préparée.
« Quand nous [agents du service national, ndlr] sommes arrivés à Lubumbashi, la police n’avait encore aucun vagabond comme vous les appeler là-bas. Nous étions un peu désarçonnés, le gouverneur s’est impliqué. En notre présence, il a fait venir le commissaire de police provincial. Le commissaire de police a donné des raisons qu’il ne pouvait pas arrêter avant parce qu’ils n’ont aucun endroit où ils peuvent garder pendant longtemps ces enfants. C’est comme ça que le gouverneur avait demandé qu’on libère Kiwele que vous connaissez là-bas à Lubumbashi, qu’on puisse les arrêter et qu’on les amène à Kiwele. Pour nous le Service National, c’était l’opération la plus difficile parce que arrêter des vagabonds, les gens qui sont violents le même jour on les met à votre disposition sans que la police les ait identifiés, sans qu’on les ait préparés, ç’a été un peu difficile, mais l’opération a vraiment réussi comme d’ailleurs le commissaire provincial de Lubumbashi a dit que pour eux c’est un stage réussi et la prochaine vague qui pourrait avoir lieu dans deux semaines sera bien faite, on trouvera des enfants déjà arrêtés », a-t-il expliqué.
Selon lui, on ne peut pas parler d’innocents dans ce dossier vu qu’ils ne sont pas détenus à la prison, ils vont plutôt servir la nation.
« Qu’on se mette un peu dans une optique positive. Ces gens-là qu’on prend, on ne les amène pas en prison. Si on allait les punir en prison, on pouvait se dire qu’il y a un innocent qui sera puni. Mais s’il y a un vagabond qui se promène la nuit, qui fume du chanvre, qui ne fait du mal à personne, qui ne fait rien est-ce que l’État congolais a intêret d’avoir des gens comme ça sans emploi alors que nous avons besoin de main d’œuvre Pour développer ce pays ? À Lubumbashi, j’ai vu des mamans pleurer, passer la nuit autour de Kiwele parce qu’on a pris un enfant là-bas, qu’est-ce que l’enfant fait ? Il ne fait rien, il se promène. Le service national les prends pour leur donner du travail, ce n’est pas pour les punir », a-t-il insisté.
Kinshasa, expérimentée en la matière
En ville province de Kinshasa le processus le service national a mainte fois procédé à la réinsertion des jeunes vagabonds. Mais l’opération prend plusieurs jours contrairement à ce qu’on a vu dans le Haut-Katanga. Selon le service national, « à l’inspection général il y a un espace où on peut garder ces enfants même pendant une semaine et à Kinshasa, on fait ceci, chaque sous-ciat arrête, les garde et puis chaque sous-ciat les amène le jour de rassemblement, mais Lubumbashi n’a même pas d’infrastructures pour ça. ».
Pour sa part, la société civile du Haut-Katanga encourage cette initiative, qui selon elle, va permettre non seulement de mettre fin à l’insécurité, mais aussi de diminuer le chômage.
Il s’agit d’une première vague des jeunes désœuvrés de Lubumbashi qui ont été transférés à Kaniama Kasese. La deuxième phase va intervenir dans plus ou moins deux semaines et cette fois, la police a du pain sur la planche car elle devra arrêter puis identifiés ces jeunes. Avant Lubumbashi, le Service National a été à Kananga pour la même opération et la cible a été constituée principalement des anciens membres de la milice Kamwina NSapu.
Par Gédéon ATIBU