Le salaire du député congolais demeure au centre des diatribes depuis que l’opposant Martin Fayulu a levé le voile du silence. Dorénavant, la question est sur toutes les lèvres et les Congolais veulent y voir clair. Alors que le silence est assourdissant du côté de la Chambre basse, de la Présidence de la République ou encore au gouvernement, l’opinion ne compte pas lâcher-prise.
L’opposition politique s’est emparée du dossier et ne semble pas prête à accorder un chèque à blanc à ces animateurs des institutions qui se gavent des richesses du pays sans se soucier du peuple qu’ils prétendent représenter.
Le PPRD Ferdinand Kambere, un de très critiques du régime Tshisekedi, soutient que les augmentations faites pour changer le train de vie des dirigeants ne sont pas justifiées si elles ne tiennent pas compte des conditions de vie de l’ensemble du peuple congolais. Si les animateurs des institutions se plaignent d’être frappés de plein fouet par le coût de la vie, estime-t-il, il en est de même pour les gouvernés dont la plupart vivent avec moins de 2 dollars par jour.
« Aujourd’hui, sans qu’il ne soit démontré que le budget a augmenté de manière significative pour répondre aux besoins de la vie nationale, les députés, les membres du gouvernement, les membres du cabinet du président, ça fait maintenant la folie au sommet de l’État. On serait en train de se distribuer l’enveloppe de rémunération à plus ou moins 60% en laissant à toutes les autres catégories des fonctionnaires de l’État des miettes. Et c’est anormal. Ça doit cesser » , a-t-il insisté dans une interview accordée à objectif-infos.cd, mercredi 7 septembre.
Au regard de ce tableau, le Kabiliste exige, par respect aux articles combinés 109 et 58 de la constitution sur le devoir de l’État, de garantir la répartition équitable des ressources nationales. Bien plus, se basant sur les articles 3 et 11 de la loi relative aux finances publiques, l’opposant rappelle que ceux-ci interdisent aux institutions, par « principe de sincérité », de sous-estimer ou de surestimer leurs charges, comme c’est le cas aujourd’hui, au détriment d’autres charges de la vie de la nation.
« Quand on doit décider de l’augmentation, on doit redistribuer équitablement les économies qui sont dégagées et ce, au prorata des catégories de tout le monde. L’argent du trésor public est pour nous tous, fonctionnaires ou non. Et si, l’article 109 de la constitution dit que pour assurer l’indépendance et la dignité, les députés nationaux et sénateurs ont droit à une indemnité équitable, je pense, comme sous d’autres cieux, la loi relative aux finances, conformément au même article, doit indexer cette indemnité aux indemnités des juges ordinaires des Hautes Cours de justice pour garantir aussi à ceux-ci une indépendance et une dignité, à l’instar de l’Allemagne et ce, dans le cadre de renforcer le principe de séparation des pouvoirs entre les institutions dans une démocratie ».
Pour étayer sa réflexion, maître FKK poursuit qu’à ce rythme, les augmentations des indemnités en faveur des membres du Parlement ou des juges suivront la tension salariale de l’ensemble de toutes les catégories dont les statistiques peuvent être publiées chaque année par l’agence nationale des statistiques du pays. À l’en croire, cela évitera des détournements des mains d’œuvre de l’État en ne payant plus des sommes indues aux uns par rapport aux autres catégories.
« Ce qui se passe aujourd’hui, si ceci est avéré, quand on parle des dons gratuits aux députés, des jeeps palissades, des montants en don pour accompagner les députés dans leurs circonscriptions avec 63.000$, des indemnités des vacances, 21.000$, etc., ça n’a rien de commun avec la législature de 2006 à 2011 à laquelle j’ai été membre », a-t-il fait savoir.
En Allemagne, par exemple, en dehors des indemnités indexées au salaire du juge ordinaire de la Haut Cour, le député a, en plus, une indemnité forfaitaire au coût de la vie, le loyer, le transport, la restauration durant son séjour dans la capitale pour sa participation à la session parlementaire qui ne peut dépasser la moitié de son indemnité principale. Et c’est peut être ça qu’on veut appeler « invisible ». Ici, nuisibles, c’est parce que, c’est une quantité qui n’est pas frappée par l’impôt! En réalité, pour l’indemnité parlementaire, le député doit payer l’impôt sur son revenu comme pour tout citoyen! Durant la session budgétaire prochaine, la population veut voir que cette question soulevée par la clameur publique est résiliée définitivement dans la loi des finances conforment à l’article 109 de la constitution. Sinon, c’est la population qui va les chasser lorsqu’elle va constater qu’ils sont des égoïstes et qu’ils coûtent inutilement très cher à la République » , prévient le secrétaire permanent adjoint du PPRD.
Mais, à ce stade du débat, personne ne veut aborder la question, tant elle est brûlante. Cependant, garant de la nation, le président Tshisekedi reste attendu au tournant. Lui à qui revient le rôle de réduire le train de vie des institutions devrait parler à son peuple pour lever le malentendu. Sinon, les Congolais continuent de hurler pour en savoir plus sur le salaire de leurs élus qu’ils trouvent égoïstes et coûteux pour le pays.
Par Gédéon Atibu