À un mois de la campagne électorale prévue pour le 18 novembre prochain, les partis et regroupements politiques commencent déjà à annoncer leurs couleurs avant même le jour J.
Le danger de cette campagne électorale précoce se situe à plusieurs niveaux.
La violence verbale et l’intolérance
Les quelques sorties médiatiques de principaux candidats à la magistrature suprême en RDC ont surpris l’opinion par la violence verbale des uns contre les autres faites publiquement sans parler des diffamations outrageuses et des désinformations pour salir l’autre et manipuler le corps électoral. Des déclarations abjectes qui ne devraient pas sortir de bouches des hauts responsables et hommes d’état et qui traduisent le climat d’intolérance qui prend corps et risque de s’aggraver durant la prochaine campagne électorale par des actes de violence et d’intimidation ou encore des attaques physiques au grand jour contre des adversaires politiques.
Ces débats oiseux autour des personnes et non sur des idées
L’on parle de 24 candidats à la présidence de la République démocratique du Congo mais en réalité aucun congolais ne sait définir clairement les 24 différents projets de société pris comme l’offre politique de chaque candidat qui servirait d’alternative à la crise multi sectorielle que traverse le pays.
Etant donné qu’ils ont supprimé l’étape hyper importante du second tour, il faut dès le départ prendre des dispositions pour focaliser le débat électoral autour de trois thèmes majeur : la question sécuritaire; la question de circuit de l’argent de l’Etat; la question des infrastructures et la question du social du citoyen lambda.
Très important donc un débat contradictoire où chaque candidat se prononce clairement sur la politique qu’il entend mener pour changer la donne sur chacun de ces trois points sensibles touchant à l’intérêt supérieur de l’état.
Le troisième piège est relatif à ces combines extra constitutionnelles
L’opinion publique congolaise n’a pas beaucoup approfondi le sens profond de l’invitation adressée par le président Félix Tshisekedi à l’ex-président Tanzanien Jakaya Kikwete le mercredi 4 octobre 2023 à Lubumbashi. Voyage au cours duquel le même Kikwete a eu à rencontrer également l’ex-président Kabila loin des caméras et de déclarations officielles.
Ce dimanche 15 octobre, la SADC s’est rendue à Kinshasa sur invitation du président Tshisekedi. Curieusement le “Conseil des sages” de ladite SADC a eu à rencontrer Dénis Kadima ( CENI) et dans les après-midi le même conseil est allé à la rencontre de Martin Fayulu et d’autres leaders de l’opposition. Décidément, il se trame des choses louches! Selon certaines indiscrétions, l’on assiste à des combines politiciennes en voie de tordre le cou à l’ordre constitutionnel en vue de repousser les élections sine die et en mettre en place une gestion consensuelle et pacifique du pays après le 20 décembre 2023.
Les avisés peuvent lire derrière cette gestion “ pacifique “ du pays ( pour laquelle le FCC et Kabila ont déjà donné leur quitus) le parfum de l’Accord de Paix de 2019.
En brandissant la fameuse paix pour contourner les dispositions de la Constitution, nos politiciens enfoncent un peu plus le pays dans un tunnel noir et indescriptible.
Le quatrième piège est d’ordre géopolitique
La RD Congo a une position géostratégique que ses élections intéressent le monde entier. Et pour avoir la main basse sur ses richesses et sur les leviers de sa gouvernance, les puissants y ont instauré un régime de la guerre perpétuelle dont la principale est de générer un État raté comme nous le constatons présentement. Un État raté où l’élite politique est manipulée par ces mêmes puissances pour servir leurs intérêts et non ceux du peuple.
À chaque scrutin présidentiel au Congo-Kinshasa, les vautours, les chacals, les multinationales et leurs sous-fifres s’y mêlent à tel point qu’en 2006, 2011 et 2019, le candidat élu par le peuple n’a jamais été celui qui préside à la magistrature suprême.
Et le piège numéro 3 est à interpréter dans son étroite relation avec cette guerre perpétuelle (du piège numéro 4) dans laquelle tous les leviers de décision et de pouvoir échappent complètement au souverain primaire.
Comment faire pour ne plus tomber dans ce guet-apens? Comment développer la vigilance des électeurs pour que leur voix soit respectée? Comment prétendre organiser des élections libres et démocratiques dans un pays en guerre? Comment organiser les élections dans un vaste pays qui est en train de chasser la Monusco pendant qu’il ne dispose d’aucune flotte aérienne?
Que faire ?
Sortons de nos réactions passionnées et émotives autour des individus et, en toute tolérance de penser à l’autre pour notre avenir à nous tous, rentrons aux fondamentaux du processus électoral qui se construisent sur des idées fondues en un nouvel idéal pour la nation.
Sentons-nous en droit d’exiger de chaque candidat sa vision politique claire pour résoudre les questions sécuritaires, économiques et sociales au bénéfice du peuple
Restons vigilants sur les manœuvres politiques de nos acteurs politiques qui visent toujours à contourner l’ordre constitutionnel chaque fois que le peuple veut exercer sa souveraineté.
Intégrons dans nos débats la question antinomique des élections libres et démocratiques dans un pays en guerre… Comment faire pour que tous les électeurs congolais, y compris ceux habitant les zones en conflit puissent exercer leur devoir de citoyen aux urnes?
Par Gédéon ATIBU