Par Serge Mavungu
Dans son rapport bimestriel (Avril-Mai 2020), rendu public, le Groupe d’Étude sur le Congo (GEC) est revenu sur certaines situations qui ont prévalu dans le Kasaï Central.
Concernant les tristes évènements du territoire de Bakuakenge, nés d’un conflit foncier qui a conduit par l’arrestation du chef milicien « Kamuina Nsapu », Kankonde Ngalamulume alias « Trésor Mputu », le 29 mai par le FARDC.
Il était longtemps recherché par la justice congolaise pour sa participation présumée dans l’assassinat, le 12 mars 2017, de Michael Sharp et Zaida Catalán, deux experts onusiens, à Moyo Musuila, territoire de Dibaya, dans le Kasaï-Central. Mais les circonstances de cette arrestation demeurent floues.
Ce rapport indique que, des rumeurs persistent sur une éventuelle réorganisation de la milice au Kananga. Plusieurs sources concordantes, y compris le gouverneur Martin Kabuya, ont confirmé la reprise de recrutement des enfants dans la ville de Kananga pour les intégrer dans la milice Kamuina Nsapu. L’autorité provinciale du Kasaï Central rassure cependant qu’il a donné l’ordre à l’armée et à la police de démanteler ce nouveau réseau en gestation et d’« arrêter tous les chefs miliciens cités dans ces recrutements. Notamment Ngalamulume Kankonde, alias Mputu Trésor, Mulumba Olivier, Badibanga Serge et David Ndaye alias Nsabanga».
Cette « tendance de la reprise des recrutements des miliciens» est également confirmée par une mission d’évaluation conjointe de la Monusco déployée le 7 mai à Katole, dans la province du Kasaï Central. Selon une source onusienne à Kananga, ces recrutements, dont le meneur serait « Trésor Mputu », se dérouleraient dans
le périmètre du chef-lieu du Kasaï Central, sur l’axe Ngalakashi-Tshiawu-Katole.
Et rapport avec les tensions entre la RDC et l’Angola aux frontières sud du Kasaï , le GEC dans son rapport explique qu’en date du vendredi 29 mai, des éléments des FARDC ont échangé des tirs avec les forces armées angolaises dans la
localité congolaise de Kabuakala, à 150 kilomètres au sud de Tshikapa. L’incident a été confirmé par le gouverneur Dieudonné Pieme, soulignant que des soldats angolais se trouvaient sur le territoire congolais et auraient tenté de chasser les agriculteurs congolais de leurs champs. Ce qui, selon lui, a fait réagir les militaires congolais présents dans la localité : un soldat angolais a été blessé et deux armes saisies.
L’abbé Trudon Keshilembe, curé de la paroisse catholique de Kamako et président de la société civile locale, a indiqué que l’Angola revendiquerait plutôt une partie du territoire de la RDC et aurait ainsi renforcé ses
positions militaires le long de la bande frontalières : de nouvelles unités lourdement armées seraient visibles.
Depuis décembre 2018, cette zone frontalière est le site de nombreuses expulsions des Congolais résidant en Angola.