Par Jean-Chrysostome Luntadila
Le successeur de Pierre Kangudia, ancien Directeur de cabinet de Vital Kamerhe, devenu ministre du budget en 2016 était sorti par la petite porte de l’histoire. Baudoin Mayo a adopté la même voie. Pour rappel, lorsqu’il lui avait été demandé de quitter son juteux fauteuil de ministre afin sur mot d’ordre du parti qui avait adopté une ligne dure pour s’aligner à la volonté populaire, ce proche du président national de l’Union pour la nation congolaise avait ignoré superbement ce mot d’ordre. A la surprise générale. Pierre Kangudia avait sacrifié une amitié de plusieurs décennies. Grave erreur, il a créé son propre parti mallette pour maintenir à la tête du ministère du Budget. Le pouvoir pour le pouvoir, avec en arrière-plan les avantages que cela procure n’a pas une longue vie.
Les choses se sont vites passées. Grâce aux nouvelles alliances de Kamerhe l’UNC trône en début 2019. Le ticket Fatshivit rafle la présidentielle avec Félix-Antoine Tshisekedi. En septembre de cette même année, l’UNC retrouve son ministère de prédilection, le budget. C’est un Baudoin Mayo, un inconditionnel du parti pour qui, on donnerait le paradis sans confession, qui fut désigné. Une manière de prendre la revanche sur cet ingrat qui a tout oublié, devenu subitement amnésique. Un point commun entre lesdeux, ils sont tous élus députés nationaux au Mont-Amba à Kinshasa grâce à l’aura de l’UNC.
Au pays de Lumumba, les ministres ne font jamais carrière, et surtout lorsqu’on a démérité. Mais la jouissance des avantages font oublier à chacun d’eux qu’ils ne sont pas toujours indispensables. Le confort de la fonction ne garantit point une longévité politique. Or, la Rdc est appelée à changer de rythme de sa gouvernance sur base des tensions sociales, économiques et politiques. Ce qui occasionne souvent les remaniements qui interviennent généralement après 2 voire 3 ans. Le pouvoir issu de l’alternance n’a pas désobéi à cette règle. Cette notion a difficile à être intériorisée par les assoiffés du pouvoir ou par ceux qui pensent qu’ils sont des ministres à vie.
Grâce à l’avènement de l’Union Sacrée, une nouvelle vision du chef de l’État, le gouvernement de l’Union Sacrée a vu le jour. l’UNC doit passer au crible ses ministres en fonction avant de se choisir les nouveaux pions sur base des critères politiques tracés.
Il s’est avéré que seuls deux ministres sur 6 sont restés arrimés à la ligne du parti en respectant leurs engagements politiques pris vis-à-vis du parti.
Demeurant loyaux jusqu’au bout de leur logique, les anciens ministres UNC écartés du nouveau gouvernement ont gardé de la hauteur. Seul l’ancien ministère d’État du Budget a exposé ses frustrations au grand jour.
Baudouin Mayo méconnaissable !
L’éviction de Baudouin Mayo du ministère du Budget a été qualifiée d’un «bon débarras» par les militants de l’UNC.
L’ancien Secrétaire général de l’Union pour la Nation Congolaise a fait piètre figure à la tête du ministère d’État, ministère du Budget du tout premier gouvernement issu de l’alternance démocratique. Les témoignages sont légion sur les lèvres des militants du même bord politique que lui.
«En effet, l’élu de la circonscription électorale du Mont-Amba a régné par le clientélisme, népotisme et tribalisme quand il lui a fallu désigner les membres de son cabinet. Outre un délégué du parti au grade de directeur de cabinet, l’ancien député Jean-Marie Bamporiki, Beaudouin Mayo s’est contenté à placer d’abord ses frères du même coin à des postes clés de son cabinet politique», nous explique un cadre du parti qui a requis l’anonymat.
«Baudouin Mayo ne suivait plus les instructions du parti telles qu’édictées par le secrétariat du parti», martèlent d’autres cadres qui confirment l’ingratitude de Mayo à l’égard du parti.
«Nous avons démissionné de nos postes importants à l’époque de Kangudia sur instruction du SG Mayo Mambeke, aujourd’hui nous avons été de laisser pour compte dans son cabinet», déplorent certains.
Baudouin Mayo récidive !
En 2016, les frustrations l’avaient incité à s’attaquer farouchement à Vital Kamerhe. Dans une interview à bâton rompu, il accusait son président national de tous les noms d’oiseaux. Il était à la base d’un mouvement de revendication devant la résidence privée de Vital Kamerhe, parce qu’il n’avait pas été nommé ministre. Un chantage auquel VK a fini par céder.
A la sortie du gouvernement, Baudouin Mayo préfère remercier son président Félix Tshisekedi, mais ignore de manière méprisante Vital Kamerhe. En politique c’est un crime.
«Suite de ma sortie du gouvernement, je rends hommage à Son Excellence Monsieur le Président de la République et Le remercie pour la confiance placée en moi. Je remercie aussi tous ceux qui m’ont soutenu en ce moment. Je demeure fidèle au Chef de l’Etat. La lutte continue.», déclare Mayo sur son compte twitter.
«Baudouin Mayo a obtenu tout ce qu’il demandait à Vital Kamerhe. Il a envié remplacer Jolino Makelele à son poste de porte-parole de l’UNC. Il a encore par la suite été intéressé par le poste du secrétaire général, et il a obtenu sans entrave», nous relate un ancien membre du secrétariat général de l’UNC. D’après lui, Mayo est un éternel insatisfait. En politique congolaise ce comportement d’instabilité est digne d’un vagabondage éhonté.