Nous sommes à une année et cinq mois du prochain scrutin présidentiel et lorsqu’on observe les faits et gestes des acteurs politiques congolais, que ce soit ceux de la majorité présidentielle ou de l’opposition, on a une étrange impression. Une double impression.
Les politiciens congolais actuels sont pour la plupart figés devant ce qui constitue les menaces réelles contre la souveraineté et la prospérité des congolaises et congolais. La deuxième impression c’est qu’ils cherchent le pouvoir pour le pouvoir sans un quelconque plan d’action ni un projet de société costaud, susceptible de faire sortir le pays du marasme politique et sécuritaire causé par les 21 ans du Kabilisme et les quatre ans du Tshisekedisme. Tout semble figé voire bloqué à tous les niveaux et en faisant un tour d’horizon de l’élite congolaise, le Dr Denis Mukwege émerge du lot par son intégrité avérée et s’impose comme la seule chance qui reste à la RDC pour pouvoir sortir du tunnel noir.
Mais, il suffit d’analyser bien leurs faits et gestes face à la crise sécuritaire et économique qui secoue le pays, personne ne semble proposer une alternative politique crédible. Bien au contraire, on arrive à ce douloureux constat d’après lequel la plupart d’entre eux ont en commun soit d’obéir au doigt et à l’œil du bourreau oppresseur des congolais, soit de privilégier, via des accords secrets, les intérêts étrangers au détriment du bien-être du peuple congolais. Ouvrez vos yeux et vous réaliserez que mes propos se vérifient dans l’histoire récente de ce pays.
En effet, Denis Mukwege a trois atouts importants qui font défaut à la plupart des acteurs politiques congolais.
Primo, il est doté d’une intégrité morale et politique qui fait l’unanimité auprès des congolais et il est parmi les rares congolais à exprimer son indépendance de pensée et d’action vis-à-vis des acteurs profonds du chaos et de la déchéance du Congo. Ce facteur est hyper important pour la suite des événements car, il est vrai que dans ses prises de position, le Dr Mukwege jouit d’une grande liberté de pensée et d’expression pour pouvoir nommer le mal par son nom et ceci est tellement fondamental pour tout le pays que de se donner le moyen de faire un bon diagnostic afin de trouver le meilleur traitement de choc contre des maux qui le rongent.
Secundo, ce compatriote, il est le seul à vouloir « fouiner» dans le passé du Congo aux fins d’identifier quelles sont les causes endogènes et exogènes de la crise endémique du Congo, ses acteurs apparents et profonds et de tirer les conséquences juridiques du Rapport Mapping en vue de remettre le Congo debout grâce à la promotion de la justice.
Justice vis-à-vis de tous ceux qui ont été jugés coupables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans les tueries par millions de victimes en RDC. Justice vis-à-vis de congolais et des étrangers impliqués dans les pillages et crimes économiques qui ont endeuillé ce pays et qui ont clochardisé son peuple. Bref, toute une Justice transitionnelle pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé de ce pays et de là s’appliquer à établir les responsabilités des uns et des autres, à rendre la justice équitable et réparatrice pour enfin permettre la réconciliation véritable du peuple congolais avec son passé et son avenir.
Aucun dirigeant ne pourra prétendre redresser la RDC s’il refuse d’aller fouiner dans le sombre passé des crimes de ce pays. Aucun dirigeant ne réussira à faire avancer ce pays s’il ne travaille avant tout à identifier les responsables des crimes commis contre son peuple. Il sera impossible de prétendre réconcilier le peuple congolais tant que les criminels et fossoyeurs du destin de ce pays circulent librement dans nos rues.
Et sur ce point, Denis Mukwege se détache de la lâcheté endémique de l’élite congolaise et s’inscrit pleinement dans cette ligne d’action politique consistant à dénoncer le mal et ses fauteurs. À chacune de ses apparitions et déclarations, il a fait de la justice le porte-étendard de sa bataille. Tout son combat citoyen depuis plus d’une décennie et tout récemment son importante déclaration du 17 juillet 2022, à l’occasion de la Journée Internationale de la justice pénale internationale en font foi. Il prône clairement la lutte contre l’impunité et fait de celle-ci, un des points forts de son action politique.
Il nous suffit de nous rappeler ce que déclarait le docteur Denis Mukwege un certain 9 novembre 2020 le jour où il est allé présenter sa feuille de route lors des consultations populaires initiées par le Président Felix-Antoine Tshisekedi.
Pour sortir de la crise multiforme que traverse la RDC, le Prix Nobel de la Paix mettait en avant-plan tout un état d’esprit congolais qui se résume en cette parole forte : la rupture. D’après ses propres mots : « La seule manière de sortir de cette situation de crise profonde du Congo est que nos dirigeants fassent une rupture avec les antivaleurs qui caractérisent aujourd’hui notre pays. Rupture avec les pratiques de corruption. Rupture avec la gouvernance qui a conduit notre pays dans le chaos où il se trouve présentement. Mais aussi la rupture avec toutes ces personnes qui ont commis des crimes, des violations graves de Droits humains, des crimes de sang mais également des crimes économiques ». Et cette rupture, le Dr Denis Mukwege la conjugue avec les réformes institutionnelles. Disait-il le même jour : « Notre pays ne décollera pas si on manque des réformes courageuses et ambitieuses qui nous donnent une Armée, une Police et des Services de Renseignements apolitiques, neutres et professionnels. Également une Justice, une Cour Constitutionnelle et une Ceni tout à fait indépendantes et apolitiques. Ce point est capital car la crise actuelle est due au fait chaque dirigeant veut contrôler les institutions pour se maintenir au pouvoir… »
Cet homme peut avoir le peuple souverain avec lui ou derrière lui. Et c’est plus qu’un parti politique.
On est convaincu aussi comprendre que le docteur Mukwege est un homme de principe qui ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir. Ceci dit, il ne prendra jamais l’initiative de postuler à la présidence juste pour les honneurs et la gloire. Il se sent très bien dans sa peau d’un médecin « réparateur » des femmes. Il revient donc au peuple congolais de prendre en main son destin en se désignant un leader crédible du gabarit de Mukwege, un homme capable d’aider le peuple qui l’a désigné leader à réaliser son rêve de libertés individuelles et collectives, son rêve de grandeur et de prospérité du Congo. Et je crois sincèrement que si la grande société civile congolaise se mobilise autour de sa candidature, le docteur Mukwege pourra revoir sa position pour passer de son statut de réparateur des femmes aux hautes fonctions de réformateur du pays tout entier.
Quant à tout ce que vous avez cité là (argent, armée ) ce sont plutôt des institutions qui ne dépendent point d’un individu, fût-il un président de la République. Les banques ou l’armée, ce sont des institutions républicaines mises en place par la constitution et devant fonctionner sous la rigueur des lois pour la bonne marche du pays. Et le charisme de Denis Mukwege pourra leur donner une nouvelle consistance pour le plus grand bien et pour la grandeur du Congo.
Si nous les congolais, nous aimons ce pays, si nous voulons lui éviter l’implosion au bord de laquelle il se trouve présentement et si nous tenons mordicus à le redresser au scrutin présidentiel de 2023, objectivement je ne trouve pas mieux que le docteur Denis Mukwege. C’est la dernière chance qui reste aux congolaises et aux congolais.
Par Gaba