Par Edmond Izuba
Quatre mois ont suffit aux quatre journalistes dont Rachel Kitsita, Israël Mutala, Bienvenue Bandala et Éric Tshikuma pour enquêter sur la débâcle du gigantesque projet du parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo : causes, responsabilités et perspectives. Au cours de la publication de cette enquête, les journalistes ont battu en brèche plusieurs théories spéculatives sur les causes de l’échec du PAIBL. Du sol non approprié jusqu’aux accusations de détournement et de corruption, l’enquête journalistique a détaillé en 42 pages les vraies raisons du débâcle du projet.
Au sujet de la mauvaise gouvernance du PAIBL et AFRICOM et par l’ex-Premier ministre Augustin Matata, indexé pour sa responsabilité indirecte par l’Inspection Générale des Finances (IGF), plusieurs experts-comptables reprochent à l’IGF l’absence de preuve alors que les actes de détournement sont repérables. Interrogés sur la notion de responsabilité indirecte ou responsabilité intellectuelle sont formels sur le fait que cette notion en matière des Finances: «
soit on est responsable, soit on ne l’est pas».
Les allégations de détournement et surfacturation n’ont recueilli des réponses escomptées. En juillet 2016, un rapport d’audit réalisé par Ernst and Young (EY) a conclu à la sincérité et à la régularité des états financiers.
«Il semble évident que le projet ne s’est pas écroulé à cause de prétendus détournements ou à cause de la supposée mauvaise qualité de son sol, mais l’arrêt brusque de son financement en est la cause principale», a précisé Rachel Kitsita, rapporteur de l’enquête.
D’après les quatre journalistes, Henry Yav, ancien ministre des finances, accusé par ses détracteurs d’avoir agi de connivence avec des lobbies d’importateurs de produits alimentaires opposés au développement du PAIBL, n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet pour ne pas alimenter la polémique pendant que l’affaire fait l’objet d’enquêtes au niveau des juridictions judiciaires compétentes.
Les journalistes ont conclu par encourager le gouvernement de relancer le projet sans laisser tomber cet investissement colossal consenti de 153 millions USD à travers un audit international pour améliorer la gouvernance du PAIBL.
«Encore faudrait-il que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, lui qui prône la revanche du sol sur le sous-sol afin de lutter contre la famine qui touche plus de 21 millions de ses compatriotes, s’approprie le projet du PAIBL. Cela permettrait de donner le ton à la matérialisation de sa vision en partant de cet investissement colossal à l’abandon et dont une partie de l’outil moderne a été cannibalisé», ont-ils soutenu.