La guerre au Kivu défraie à nouveau la chronique, avec son cortège de souffrances, ses victimes civiles, ses cohortes de réfugiés, sa confusion militaire et la désespérante passivité de la mission des Nations Unies pour le Congo (MONUSCO) dont les « soldats de la paix » assistent en spectateur aux malheurs qui s’acharnent sur la région des Grands Lacs.
Depuis la fin de la guerre du Rwanda en 1994 scellée par la victoire des Tutsis de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), emmenée par Paul Kagame, sur les Forces Armées Rwandaises (FAR) du pouvoir hutu installé à Kigali depuis l’indépendance, l’épicentre des conflits s’est déporté au Kivu. Plus précisément sur les hautes terres de la crête Congo-Nil qui constituent la partie orientale de deux provinces du Nord-Kivu (capitale Goma) et du Sud-Kivu (capitale Bukavu).
Dans un tweet récent publié par l’élu de la circonscription de Masisi dans la province du Nord-Kivu, Ayobangira Safari estime que la mauvaise répartition des terres par le Gouvernement, est aussi une des causes de massacre à l’Est de la République Démocratique du Congo.
« La mauvaise répartition des terres par le Gouvernement, est aussi une des causes profondes de la persistance des groupes armés et de l’insécurité à l’Est. Une réforme agraire s’impose. Nous devons éviter de perpétuer la tragédie des paysans sans terre », a-t-il dit sur son compte Twitter.
Le réveil d’une guerre qui couvait depuis des années était inéluctable dans la mesure où aucune des causes d’un conflit multidimensionnel n’a disparu. Au-delà des réactions émotionnelles que suscitent les images, toujours recommencées, des victimes civiles fuyant les zones de combat, les pillages et les viols perpétrés par toutes les forces armées impliquées dans le conflit ou celles du recrutement forcé d’enfants soldats, se posent des questions de fond. Pourquoi ces violences récurrentes dans cet espace montagnard, notamment le Masisi à l’est de Goma, qu’on pouvait considérer, à la fin des années 1980, comme un modèle d’autodéveloppement ? Quels sont les acteurs d’un conflit dont la durée et les rebondissements après chaque phase d’accalmie signifient qu’il est l’expression de tensions structurelles ? Enchâssé dans l’entité géopolitique des Grands Lacs, le Kivu est partie prenante, d’un système régional de conflits. La guerre qui s’y déroule constitue une sérieuse entrave à la reconstruction de la RDC, et une menace pour la stabilité de toute la région : aujourd’hui plus que jamais le Kivu est la poudrière de l’Afrique Centrale.
Par Gédéon ATIBU